Alors que la décision du juge des référés sur la gestion des écoles Yavuz Selim par la Fondation Maarif est attendue ce matin, l’Agent judiciaire de l’Etat a introduit un rabat de délibéré. En attendant, le directeur de l’Enseignement élémentaire a dévoilé un pan de la contre-proposition de Yavuz Selim S.a consistant en une «sénégalisation» totale des établissements.
Ce lundi, ça devait être la proclamation des résultats du dossier Yavuz Selim par le juge des référés du Tribunal de grande instance hors classe de Dakar sur la proposition du gouvernement de confier la gestion de ces établissements à la Fondation Maarif. Mais l’Agent judiciaire de l’Etat (Aje) a introduit un rabat de délibéré. Même si le dossier sera évoqué, le verdict va être probablement rapporté. Pour quelles raisons ? Il est difficile de savoir les motivations de cette demande de l’Aje alors que le gouvernement est en train d’étudier la contre-proposition de l’administration de Yavuz Selim, en pleine tempête après que l’Etat a décidé la semaine dernière de fermer ses portes. Il veut sans doute donner une chance aux tractations en cours qui devraient déboucher sur un compromis au grand bonheur des élèves angoissés par autant d’incertitudes.
Même si les deux parties avaient décidé de ne pas dévoiler le contenu de cette proposition, le directeur de l’Enseignement élémentaire semble avoir violé cet accord en soutenant que les nationaux vont racheter les parts récemment cédées aux Français. A l’émission «Jakaarlo» de la Tfm, il a dit qu’il s’agissait de la «sénégalisation» totale des établissements dont l’actionnariat majoritaire est devenu français après que Baskent Egitim a été cédée à Yavuz Selim S.a au pic de la crise qui secoue ces écoles. Jointe par téléphone, l’administration de Yavuz Selim S.a n’a pas voulu se prononcer et reste en revanche suspendue à la décision du gouvernement.
Vers la «sénégalisation» des écoles
Il faut savoir que ce rififi est provoqué par la décision de l’Etat de céder ces écoles turques à la Fondation Maarif, mise en place par le gouvernement turc au lendemain du putsch manqué contre Recep Tayyip Erdogan. Favorable à cette option au départ, le gouvernement avait fait face à l’intransigeance du Conseil d’administration de Yavuz Selim. Laquelle l’avait contraint à abandonner cette option avant qu’il ne propose leur placement sous administration provisoire. Elle sera rejetée par Yavuz Selim S.a qui a fait une contre-proposition pour essayer de résoudre définitivement cette crise dont les contours judiciaires ne sont pas totalement vidés.
Le gouvernement du Sénégal, par le biais de l’Agent judiciaire de l’Etat, avait saisi le juge des référés du Tribunal régional de grande instance hors classe de Dakar pour demander à ce que la Fondation turque Maarif puisse administrer les écoles Yavuz Selim. En lieu et place d’une assignation en bonne et due forme, l’Etat avait servi une assignation à mairie. Informé des manœuvres de l’Etat au niveau du Tribunal régional, le groupe Yavuz Selim avait lui aussi introduit un rabat du délibéré qui sera accordé par le juge.
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