Les préjudices se réparent. Mais depuis la condamnation de Hissein Habré à la prison à perpétuité pour crime contre l’humanité et torture, viol et esclavage sexuel et crime de guerre qui est censée réparer le tort qu’il les a causé, ses victimes tardent à entrer en possession de leurs réparations. Pourtant Hissein Habré tout comme les 20 agents  de services secrets condamnés pour meurtre et actes de tortures doivent verser des dizaines de millions de dollars à ces milliers de victimes. Mais, «cinq ans plus tard, les survivants des tortures et les familles des victimes n’ont toujours pas reçu le moindre centime», indique-t-on dans un communiqué.
D’après Reead Body, conseiller juridique à l’Ong Human rights watch (Hrt) et signataire de ce document, «l’Union africaine, qui avait tant œuvré pour créer ce Tribunal,  n’a même pas  mis en place le Fonds au profit des victimes prévu par le verdict afin de récupérer les avoirs de Habré et de solliciter des contributions». A l’en croire, même «le gouvernement tchadien, chargé par son propre tribunal d’ériger des monuments à la mémoire des victimes et d’indemniser leurs familles, leur a également tourné le dos. Et Habré lui-même ne s’est jamais expliqué sur les dizaines de millions de dollars qu‘il aurait eu à voler au Trésor tchadien».
Mais,  malgré les multiples tentatives de Hissein Habré à sortir de prison et le climat incertain que traverse le Tchad après la mort du Président Idriss Déby, «les victimes continuent d’organiser des manifestations pour réclamer les réparations qui leur ont été promises», rassure Reed Body.  D’après le défenseur des droits de l’Homme, Clément Abaïfouta avait déclaré ceci : «Nous nous sommes battus pendant 25 ans pour obtenir ces décisions et maintenant, cela fait cinq ans que nous nous battons pour que ces décisions soient enfin mises en œuvre. Mais l’Union africaine et le gouvernement tchadien devraient maintenant avoir compris que nous ne baisserons pas les bras, tant que nous n’aurons pas obtenu justice.»
En tout cas, les défenseurs des droits humains et les victimes sont déterminés à obtenir gain de cause, malgré le mutisme des autorités et des condamnés.
Par Justin GOMIS – justin@lequotidien.sn