C’est le buzz de la semaine : une année après l’expédition de Bougane Guèye Dany dans le Sud-est, parti porter son aide aux sinistrés des inondations, qui lui vaut une détention provisoire et un procès vite fait, l’affaire revient au-devant de la scène. Apparemment, la promesse du Premier ministre, l’an dernier, de distribuer aux familles huit milliards de francs Cfa est la grande équation à multiples inconnues.

Pour commencer, Barthélemy Dias, qui reprend du poil de la bête, pose cette question délicate sur la table, tandis que Bougane Guèye Dany annonce une plainte contre le Premier ministre et ses collaborateurs censés régler cette affaire. Mais non, certifie Cheikh Tidiane Dièye, le ministre de l’Hydraulique et de l’assainissement, le nécessaire est fait : hormis la logistique, le ministère des Solidarités aurait même procédé à des transferts d’argent au profit des nécessiteux.

Alors que l’on se dit que cette affaire est derrière nous, ne voilà-t-il pas qu’un maire des environs choisit de convoquer la presse pour moucharder : aucun de ses administrés ne lui a annoncé avoir perçu le moindre fifrelin. Ah les coquins ! Ils ne lui disent pas tout ?

On découvre donc une aide cachée de huit milliards Cfa à Kédougou…
Bon, occupons-nous de nos moutons, pardon, de nos Lions : le Sénégal, vingt-six matchs à la file sans défaite, sera présent à la Coupe du monde américaine de football, l’an prochain, en 2026. Après celles de la Russie et du Qatar, sa troisième d’affilée, sa quatrième dans son histoire. Ça fleure déjà bon depuis la «remontada» du Stade des Martyrs la semaine passée, lorsque nos Lions battent le premier du groupe à domicile, dans un pays en ébullition et un stade énervé, face à des Léopards qui nous préparent la chicotte pour nous «maîtriser».

Nos voisins mauritaniens, qui n’en mènent pas large dans cette poule dont ils occupent l’avant-dernière place, ne doivent pas vraiment se faire beaucoup d’illusions sur leur sort. Il s’agit surtout pour eux, après leur défaite à domicile sur le plus petit score au match aller, de sauver l’honneur, en limitant les dégâts…
Seulement voilà : cette cuvée des Lions donne le tournis. C’est un rouleau compresseur d’une redoutable efficacité. Signe particulier : cette équipe a plusieurs meneurs de jeu, depuis ses pistons créatifs, Krépin Diatta et El Hadj Malick Diouf, jusqu’à son attaque de feu, avec le trident Sadio Mané, Iliman Ndiaye et Ismaïla Sarr, en passant par l’empire du milieu emmené par Gana Guèye, derrière qui se bousculent Pape Matar Sarr, Pape Guèye, Lamine Camara et Nampalys Mendy. Passons sur le banc de touche où ça piaffe d’impatience pour terminer le boulot.

On aurait l’embarras du choix pour moins que ça…
Bien sûr, Sadio Mané, que quelques-uns de nos dix-huit millions de sélectionneurs nationaux envoient à la retraite ces derniers jours, répond à ses détracteurs par le doublé qui nous catapulte au Mondial. Déjà, contre le Soudan du Sud, auteur du deuxième but, il provoque le penalty du quatrième but et, geste ô combien élégant, laisse le soin de le tirer à Nicolas Jackson, jusque-là en mal de réussite.

Que penser de la montée en puissance de Iliman Ndiaye ? Match après match, il marque de son empreinte l’odyssée des Lions au sein desquels sa place de titulaire ne fait plus l’ombre d’un doute. Quand tout semble perdu, fors l’honneur, dans la fournaise du Stade des Martyrs, il sonne l’assaut et c’est son tir qui échoue sur le poteau que Pape Guèye reprend. La machine est relancée, et l’on connaît la suite. Face au Soudan du Sud, Iliman Ndiaye, ce sont deux passes décisives. Face aux Mourabitounes, il nous offre le spectacle d’un slalom entre quatre défenseurs pour au finish loger la balle au fond des filets, tout seul, comme un grand.

Iliman Ndiaye n’a pas fini de nous épater…
Le dernier match de qualification des Lions devant la Mauritanie à domicile vaut-il que le président de la République, un jour ouvrable, passe plusieurs heures au stade pour y assister. Face aux Mourabitounes, sauf cataclysme, pour nos Lions, ce ne doit être qu’une promenade de santé. Il n’y a presque plus d’enjeu…

Bien sûr, ça fait sympa et peuple, de le voir prendre le Ter en compagnie d’une de ses épouses comme un citoyen ordinaire pour pousser nos Lions à la qualif’. Dans les chaumières des supporters zélés, ça doit écraser une larme devant cette touchante image.

Je vais malheureusement me répéter, comme lors de sa campagne balai en mains pour rendre le Sénégal propre : le temps présidentiel d’un pays sous-développé est trop précieux pour être consacré à un match de qualification, fût-il de Coupe du monde. Quand bien même, pour parer au plus pressé, on peut compter sur le «meilleur Premier ministre de tous les temps», à n’en pas douter, sur le bureau présidentiel, repose quelque parapheur à examiner en urgence, qui soulagerait bien des détresses.

Lors de son voyage à New York à l’occasion de l’Assemblée des Nations unies, la photo du Président dans l’avion en pleine partie de scrabble secoue l’opinion. Ça ne prêterait pas à conséquence si quelques jours après, à la tribune des Nations unies, il semble perdu quelques secondes parce que son discours ne l’attend pas sagement sur le pupitre. Bien sûr, s’il connaît alors le discours sur le bout des doigts, il le récite les yeux fermés, pardon, en balayant des yeux l’assistance comme tout bon tribun. C’est à ce moment précis qu’on se demande le pourquoi de la partie de scrabble…

Cela dit, le Protocole présidentiel commet alors une bourde.
Que faut-il donc penser de ce même protocole à propos des maillots verts, comme ceux des Mauritaniens, que le couple présidentiel arbore alors que c’est de notoriété publique que l’Equipe du Sénégal, quand elle reçoit, se met en blanc ?
J’avoue que je n’ai pas les nerfs assez solides pour être
sénégalais.
Par Ibou FALL