A tout seigneur, tout honneur : le Président Bassirou Diomaye Faye, au sortir de l’Ag des Nations unies aux Usa, a juste le temps de se mettre au… vert et d’assister à la qualification de nos «Lions» pour le Mondial américain, il semble demandé avec insistance au Rwanda et au Kenya. Une tournée durant laquelle il se prend le virus anglophone en pleine tournée…
Le résultat, qui déchaîne les passions sur le net, n’est pas triste !
Ici-bas, la fameuse «dette cachée» révélée avec fracas par le régime «Diomaye môy Sonko» n’en finit pas de nous procurer des émotions fortes. Les spécialistes de tout et de rien, depuis l’exhumation des cadavres financiers du régime Apr, se succèdent sur les plateaux et à longueur de colonnes de journaux, pour disserter doctement sur le sexe des anges endettés jusqu’à la moelle épinière.
Question impie : existe-t-il quelque part un créancier de l’Etat sénégalais tapi dans l’ombre, qui n’ose pas présenter sa reconnaissance de dette parce que contractée dans les recoins obscurs d’une maison hantée à une heure de crime, sans témoin ? Par exemple, un gang infréquentable de fabricants de faux billets ou un mystérieux cartel de narcotrafiquants pressés de recycler leurs dollars ou leurs pesos sulfureux dans une économie jusque-là garantie par le Fonds monétaire international…
Ça a à peine le temps de se le demander que la nouvelle nous arrive sur le pif : Macky Sall, qui sillonne le monde et rêve debout, les yeux ouverts, du Secrétariat général des Nations unies, décide d’envoyer une escouade d’avocats et d’experts pour tirer au clair cette affaire de chiffres falsifiés, de «dette cachée» et autres joyeusetés de la gouvernance sobre et vertueuse, dont ils sont accusés, lui et ses quarante ministres.
Ses laudateurs et autres inconditionnels de sa cour en disgrâce, il s’en tape certainement comme de leurs premières cartes de membre de l’Apr : depuis que bon nombre croupissent en prison, il ne verse pas encore la moindre larme de compassion sur le cruel sort qui s’abat sur eux.
Quant à leur rendre visite, n’y pensez même pas…
Il est vrai que si Sa Rondeur Macky s’avise de rentrer au bercail, sous le régime «Diomaye Môy Sonko», ce n’est pas une rutilante limousine qui l’attendra à la sortie du salon d’honneur de l’Aibd, mais un panier à salades blindé à la coupée de l’avion, des gendarmes à la mine patibulaire armés d’une paire de menottes pour attaches fines. Et le Cv immaculé qu’il doit présenter à la prochaine élection du Secrétariat général des Nations unies, sera noirci en un clin d’œil du gribouillis d’impardonnables malversations financières, d’innommables violations des droits humains et d’abominables crimes de sang.
Sur les réseaux sociaux, la condamnation à la prison ferme de l’ancien Président français Nicolas Sarkozy, annoncée depuis plusieurs jours et qui s’applique depuis le 21 octobre 2025, en inspire plus d’un à propos du prédécesseur de Bassirou Diomaye Faye. Les plus imaginatifs le voient déjà entre quat’ murs au pénitencier de Kédougou sous quarante degrés de température, à mille lieues de la «surfacturation» carcérale que Madame «le gros calibre» de la Justice constate lors de sa visite dans les prisons…
Macky en escale au Sénégal ? C’est alors que l’on saura que Madame Yassine Fall et Me Bamba Cissé ne sont pas ministres pour rien : ils ont, à n’en pas douter, le profil de l’emploi.
C’est pendant que ça s’étripe sur les plateaux et dans les colonnes des journaux toute la semaine encore à propos de ce serpent de mer qu’est la «dette cachée» que le nouveau résident des Yvelines, Madiambal Diagne, à son corps défendant, choisit de se rappeler à notre bon souvenir…
L’annonce est jubilatoire sur les réseaux sociaux : «Madiambal arrêté en France.» Le plus qu’officiel Soleil, dans son édition digitale, s’offre un titre digne d’une fin de cavale de l’ennemi public numéro un : «Madiambal tombe en France.» Dans les chaumières du peuple des 54%, ça le voit déjà rapatrié penaud, enchaîné et en haillons, un peu comme Juan Branco au moment de son arrestation sur le fleuve Sénégal.
La déception sera palpable quelques heures après les fanfaronnades, quand, déjà, il y a comme un glissement de sémantique : ce n’est pas une brutale arrestation, mais une civile interpellation.
Nuance.
La première est coercitive, s’embarrasse moins de protocole, vous prive de liberté de choix : même pas le temps de vérifier qu’on a encore le teint frais. Si ça vous trouve dans les toilettes en train de balancer une commission, tant pis : c’est capable de vous ramener dans la fourgonnette menottes aux poignets et la culotte baissée sur les genoux. Y’a des flics capables de vous faire avancer à grands coups de pieds dans le derrière.
Tout dépend de votre réputation.
La seconde version est plus soft. Certes, ce n’est pas le tapis rouge qu’on vous déroule, mais les bonnes manières sont encore de mise. Vous pouvez alerter vos avocats en rassemblant vos arguments de défense, choisir le costume qui sied aux circonstances, vous asperger d’eau de toilette, nouer une cravate.
Manifestement, c’est le cas de Madiambal dans cette affaire. Il retournera chez lui après son audition, sous contrôle judiciaire, parce qu’il affiche, selon le juge qui l’auditionne, disons-le comme ça, une bouille d’honnête homme.
Aïe…
Cet imprévu ne plaît certainement pas aux pontes du régime «Diomaye Môy Sonko», mais surtout à tous ces braves internautes très énervés qui ne veulent pas moins que le voir pendre haut et court pendant que tous ses biens seraient partagés entre damnés de la terre sénégalaise. Y’en a même qui réclament une rupture avec la France, tandis que d’autres, s’inspirant des vandalismes de 2021, suggèrent de s’attaquer aux intérêts français. Faire son marché gratis à Auchan à la faveur d’un mouvement de mécontentement vis-à-vis de cette salope de France qui couve Madiambal, c’est le pied !
Ça piaffe d’impatience, on s’en doute, mais ça devra attendre, au moins, que la Cour d’appel de Versailles se penche sérieusement sur la question…
Madiambal, malgré les apparences, est quand même le président honoraire de l’Union internationale de la presse francophone, qu’il dirige deux mandats de suite avant de passer la main. Une pieuvre qui se disperse dans cent-dix pays ou régions à travers le monde, avec un réseau de plusieurs milliers de journalistes. Ce n’est pas pour rien que juste après son audition devant le Parquet général, la Secrétaire générale de l’Union de la presse francophone se fend d’un communiqué de soutien à son endroit.
C’est vrai, bien des donneurs de leçons de vertu s’indignent de l’exil de ce père de famille qui, disent-ils, abandonne les siens en rase campagne, pour se mettre au frais.
Il est si facile de se mettre à la place des autres quand ça ne coûte rien.
L’homme que je connais depuis près d’un quart de siècle et avec lequel on me colle une complicité, ne m’a jamais montré un signe de couardise, ni manqué à sa parole. Le père de famille qu’il est à mes yeux, prend bien soin des siens : il leur a appris à se tenir dans la vie.
Pour la présentation de mes «Chroniques des Ans Foirés», lorsque je demande à Serigne Saliou, l’aîné de Madiambal, de présider la cérémonie, ce n’est pas parce qu’il est l’éditeur des colonnes qui abritent mes textes. C’est sa bonne éducation qui m’impressionne depuis toujours, en plus du pétillant intellectuel avec lequel nous partageons des goûts artistiques.
Un homme normal, en résumé.
Quand la guerre vous est déclarée, libre à vous de choisir vos armes, le terrain des hostilités, de même que l’instant et la manière de répondre aux hostilités. Madiambal fera face à la Justice de son pays, je n’en doute pas. Seulement, ma conviction en est que cette affaire relève de toute autre considération. Il sait, depuis le 24 mars 2024, que ces temps durs surviendront.
Quoi qu’il se passe, Madiambal garde ma confiance, mon estime et mon affection.
Par Ibou FALL