Du côté de l’opposition, on n’approuve pas la radiation du maire de la Ville de Dakar, Barthélemy Dias, de la liste des députés à l’Assemblée nationale. Certains se demandent pourquoi le Premier ministre Ousmane Sonko, qui a suspendu son mandat de député, n’a pas subi le même sort. Pour l’avocat au Barreau de Dakar et conseil de M. Sonko, Me Bamba Cissé, «ce n’est pas la même chose».Par Ousmane SOW –
La radiation du député Barthélemy Dias, actée par le Bureau de l’Assemblée nationale, vendredi dernier, à la suite de sa condamnation pénale définitive, dans l’affaire dite Ndiaga Diouf, divise les experts juridiques et politiques. Invité de l’émission «Le Grand Jury» sur la Rfm ce dimanche, Me Bamba Cissé, un des avocats du Premier ministre Ousmane Sonko, a été interpellé sur la question, au moment où certains soulèvent le cas de l’actuel Premier ministre. La robe noire a tenu à clarifier la distinction entre les deux cas. «Ce n’est pas la même chose», selon l’avocat du Premier ministre. Il explique : «Ousmane Sonko n’est pas condamné définitivement. Il a été condamné pour des infractions politiques. La Cour suprême a rendu un arrêt, en disant clairement que les faits de diffamation commis par Ousmane Sonko sont des faits de nature politique.» Ainsi, pour le cas de Barthélemy Dias, Me Bamba Cissé rappelle qu’il «a été condamné pour des infractions de droit commun, pour coups mortels. Les coups mortels n’ont rien à voir avec des infractions politiques».
L’expert électoral Ndiaga Sylla a été l’un des premiers à réagir. Selon lui, «en vertu des articles Lo.162 et Lo.198 du Code électoral, il appartient au Conseil constitutionnel de constater l’inéligibilité d’un député qui se révèle après son élection».
Une affirmation qui a rapidement suscité une réplique. Le député de Pastef, Amadou Bâ, par ailleurs 5è vice-président de l’Assemblée nationale, a estimé que Ndiaga Sylla mélange les procédures applicables dans le cas d’une condamnation pénale et celles liées à une inéligibilité postérieure à l’élection. Selon le parlementaire Bâ, «Ndiaga Sylla n’a probablement pas consulté la décision du Conseil constitutionnel dans l’affaire Khalifa Sall (décision n°5E/2019, 21 mars 2019), où une situation similaire avait été tranchée».
«Un coup dur pour la démocratie sénégalaise»
Pour le fondateur du think-think Afrikajom Center, Alioune Tine, c’est une décision historique de la toute nouvelle Assemblée nationale, qui vient d’éliminer une figure majeure de la vie politique sénégalaise. «Première décision historique de l’Assemblée nationale, c’est l’élimination d’une figure majeure de la vie politique sénégalaise. Barthélemy Dias est une voix qui avait bien sa place au Parlement pour donner sens aux mots pluralisme et démocratie», a écrit Alioune Tine sur X. La cohérence juridique, poursuit-il, politique et le simple bon sens doivent conduire tous à accepter et respecter le mandat que le Peuple a souverainement confié à Barthélemy Dias. «Ce serait un coup dur pour la démocratie sénégalaise que de chercher à liquider politiquement Barthélemy Dias. Espérons que ce n’est pas le tout début de la tyrannie de la majorité, une pathologie structurelle des démocraties représentatives», a-t-il conclu.