L’exploitation minière rime souvent avec des bruits de bottes, a-t-on l’habitude de dire. Kédougou n’échappe pas à la règle. Ce 11 septembre, des échauffourées entre populations locales de Khossanto et Mamakhono et des Forces de défense et de sécurité ont viré au drame. 2 personnes sont tuées par balles. Un arrêté préfectoral modifiant les conditions de recrutement de la main d’œuvre locale non qualifiée a provoqué l’ire des jeunes. Les ministres de l’Intérieur et des Mines se sont déployés en urgence sur Kédougou, ce mardi, pour essayer d’arrondir les angles. Le départ du Préfet, accusé d’être à l’origine du problème, et la libération des jeunes arrêtés hier demeurent les seules voies du salut, ont fulminé les manifestants. Par Abdoulaye FALL –
La malédiction de l’exploitation de l’or frappe-t-elle la région de Kédougou ? A chaque fois que les populations locales sont sorties pour manifester leur courroux, c’est la catastrophe. Ce lundi encore, 11 septembre 2023, deux autres personnes sont tombées sous les balles des Forces de défense et de sécurité. Elles manifestaient contre un arrêté du Préfet de Saraya. Celui-ci modifiait les conditions de recrutement de la main d’œuvre locale non qualifiée dans la région. Ce qui a créé l’ire des populations, qui sont descendues dans les rues manifester leur indignation. Toutefois, elles ont fait face aux Fds. Ces dernières ont appuyé sur leur gâchette pour tirer à balles réelles. 2 manifestants sont tués.
Les populations, très remontées, ont appelé à la libération de leurs frères, sans quoi, il n’y aura pas de paix dans la zone. Le départ immédiat du Préfet est devenu une grande exigence dans la contrée. Un responsable du Conseil communal de la jeunesse explique : «nous pouvons tout négocier sauf le maintien du Préfet dans le département. Tout ce qui se passe actuellement est dû à son arrêté. Et pourtant, depuis 2016, nous pactisons avec les sociétés sans aucun problème noté. Les autorités doivent vraiment le sanctionner pour avoir causé un grand trouble dans la contrée. Malheureusement, il y a eu des pertes en vies humaines. Ce qui est constant, c’est qu’il ne peut plus être toléré la présence du Préfet dans la zone. Qu’il s’en aille.» Du côté de l’Etat aussi, il dégaine des flèches. Les autorités ont attendu que l’irréparable se passe pour intervenir. La Société civile, les populations locales, toutes avaient alerté sur le fameux «arrêté» du Préfet. Mais l’Etat a fait la sourde oreille, préférant jouer au médecin après la mort.
Retour sur quelques événements malheureux
En décembre 2008, des étudiants kédovins avaient rué dans les brancards pour demander beaucoup plus de retombées sur les exploitations minières.
Malheureusement, la manifestation avait viré au drame. Le jeune Sina Sidibé est tué. Il avait été atteint par balle. Plusieurs autres blessés ont aussi été notés, et plusieurs interpellations. Février 2017, le 13 plus précisément, à Khossanto, un jeune y avait aussi été tué lors d’une manifestation. C’étaient les Gabelous cette fois-ci qui étaient à l’origine. Leurs balles avaient atteint le jeune Yamadou Sagna. Le 21 juillet de cette même année, ce sont des jeunes de Tomboroncoto qui ont élevé la voix. Ils protestaient contre les manœuvres de l’entreprise minière Petewol Mining Compagnie. Des échauffourées s’en sont suivies. Des jeunes sont embastillés et plusieurs d’entre eux, arrêtés.
Ils remettront encore cela le 13 octobre, toujours en 2017.
Ce 11 septembre, c’est au tour des populations de Khossanto de déverser leur trop-plein de colère dans les rues. Un arrêté préfectoral qui change le mode de recrutement de la main d’œuvre locale non qualifiée en est l’origine.
La goutte de trop, car plusieurs acteurs de la Société civile, des associations de jeunes et de femmes, entre autres organisations, ont élevé la voix pour que soit définitivement réglée la question de l’exploitation des ressources minières. Des responsables d’associations de jeunes, joints par téléphone, ont prôné le règlement définitif de la question par une meilleure implication des jeunes et une bonne redistribution des retombées minières.
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