Bien que moins affectée que sa concurrente Auchan, la chaîne des magasins Casino a vu certaines de ses boutiques visées par des pillards. Il a fallu la promptitude de la réaction de son chef de sécurité, Youssef Dia, pour éviter le pire. Mais pour prévenir des risques futurs, le groupe monégasque s’est rapproché d’une agence de sécurité, dotée d’un personnel bien formé.
Les saccages des grandes surfaces, principalement de la chaîne française Auchan, auront des conséquences dans le domaine de la protection et de la sécurité des grands magasins. Le groupe Damag Casino, qui possède également les boutiques Utile, a décidé de monter d’un cran sa sécurité. Cela, après avoir senti passer le vent du boulet.
En effet, le jeudi 4 mars dernier, alors que plusieurs secteurs de Dakar s’embrasaient et des boutiques Auchan et des stations-services Total étaient à la merci des pillards, certains ont voulu s’en prendre également à Casino, notamment au supermarché Sahm, situé au lieu-dit «Repos Mandel», en face de l’hôpital Abass Ndao.
Vers le crépuscule, un groupe de casseurs, qui avait tenté le coup un peu plus tôt dans la journée, est venu en plus grand nombre, et manifestement bien équipé pour défoncer les entrées, afin de se servir. Il a fallu l’intervention énergique du chef de la sécurité, M. Youssef Dia, qui a tiré deux coups de feu en l’air avec son pistolet, pour dissuader les plus téméraires et repousser l’attaque.
Mais les gens ne se sont pas arrêtés là. Après Casino Sahm, c’est la superette Utile de Ngor qui a reçu la visite des pillards, à 2h du matin. Une alerte donnée par les gens du voisinage a permis au chef de la sécurité, M. Dia, de faire rapidement appel à la gendarmerie afin d’éviter le pire, parce que le seul gardien qui était présent sur les lieux, même appuyé par Dia et son revolver, ne pouvait contenir la vague.
Après cette chaude alerte, le chef de la sécurité a fait comprendre à ses supérieurs qu’il était indispensable de renforcer les mesures de sécurité de toutes leurs grandes surfaces, à moins de prendre le risque de subir le sort des boutiques Auchan. Il faut dire que sur les réseaux sociaux, des messages circulaient, des personnes qui encourageaient leurs congénères à se préparer à aller attaquer les magasins Casino, et à «se servir» dans les boutiques installées dans les allées marchandes de Ngor ou de la Médina. Certains même donnaient leurs préférences sur les produits dont ils allaient se servir en premier.
Le directeur de la chaîne a également été réactif, parce qu’après ces attaques, le groupe Casino a fait appel à une agence de sécurité pour renforcer ses équipes internes. Ladite agence de sécurité travaille avec des agents détenteurs de permis de port d’armes et dotés d’une bonne expérience. Ce qui augure qu’ils sauraient faire preuve de maîtrise et de promptitude pour contrôler des foules surexcitées et encouragées à s’adonner à du saccage et au pillage des biens d’autrui. Mais tout cela, dans l’idée que la vague de violence est passée et ne devrait pas revenir de sitôt.
Auchan sécurise aussi
Ce qui est également le souhait du groupe Auchan. La chaîne qui a été le plus terriblement affectée par le pillage et l’incendie de certaines de ses supermarchés s’est toutefois donné les moyens de réagir avec célérité. Moins d’une semaine après les événements, la majorité des officines attaquées sont redevenues fonctionnelles. Et là aussi, la sécurité a été renforcée en faisant appel à une agence privée de gardiennage. Toutefois, Auchan semble plus vouloir s’appuyer sur les forces de défense et de sécurité. M. Papa Samba Diouf, responsable de la Communication du groupe, assure qu’ils ne veulent pas prendre le risque d’une bavure de la part d’un de leurs gardiens, qui se montrerait assez zélé avec son arme. «Nous avons augmenté nos agents de sécurité. Mais nous préférons, pour ce qui concerne les armes, faire confiance aux Forces de l’ordre, que l’Etat a chargés de la sécurité de tous.» Instruits sans doute par l’expérience de la mort de l’un des manifestants dans leur boutique de Keur Massar, les responsables ne souhaiteraient pas qu’on leur impute un jour la responsabilité d’un autre mort.