C’est la première fois qu’un Français remporte ce prix, décerné aux livres étrangers traduits et publiés dans l’année au Royaume-Uni ou en Irlande. David Diop a 55 ans. Né à Paris, il a grandi au Sénégal.

«Je suis extrêmement heureux d’avoir gagné. Cela montre bien que la littérature n’a pas de frontière», a déclaré à l’Afp le romancier David Diop en apprenant la nouvelle, jugeant «magnifique» que sa traduction ait permis à «la charge émotionnelle qui a touché les lecteurs français» d’être «prolongée dans le monde anglophone».
Son deuxième roman, Frère d’âme, a remporté ce mercredi 2 juin la version internationale du prestigieux prix littéraire britannique Booker prize, qui récompense à la fois son auteur David Diop et sa traductrice britannique Anna Moscho­va­skis. Frère d’âme est le récit du parcours d’un tirailleur sénégalais de la Première guerre mondiale, Alfa Ndiaye. Lors d’un assaut plus absurde et plus dangereux qu’un autre, l’ami d’enfance de Alfa, Mademba, est blessé. Mourant, Mademba supplie son frère d’âme, son frère d’arme, de l’achever. Mais Alfa ne peut s’y résoudre. Le livre de David Diop est paru en France il y a trois ans et a déjà remporté le Prix Goncourt des lycéens ainsi que le prix suisse Ahmadou Kourouma. Pour David Diop, l’attribution du Booker prize, l’un des plus prestigieux prix littéraires du monde, montre que «la littérature n’a pas de frontières». Ni de couleur serait-on tenté d’ajouter. Dans sa version anglaise, le titre du roman se traduit en effet ainsi : «La nuit tous les sangs sont noirs». La traductrice Anna Moscho­vakis, par ailleurs poétesse reconnue, partage avec David Diop les 58 mille euros de ce prix, l’un des seuls à récompenser le rôle majeur des traducteurs.
Rfi et Le Point Afrique