Moins d’une semaine après la sortie de son nouvel al­bum, Beyoncé a reçu le prix Innovator des iHeartRadio Awards, qui récompense les artistes dont l’œuvre marque l’histoire de la musique et s’ancre dans la pop culture. Trois jours après le lancement de son ère country grâce à son al­bum Cowboy Carter, Beyoncé s’impose donc, encore un peu plus, comme la plus grande artiste de sa génération. Sur scène, elle a été accueillie par Stevie Wonder, qui l’a présentée comme la chanteuse la plus nommée de l’histoire des Grammy Awards. «Chaque fois que quelqu’un me demande s’il y a quelqu’un que je pourrais écouter pour le reste de ma vie, c’est toujours toi. Merci», s’est émue l’intéressée. Pour l’occasion, Beyoncé avait opté pour un total-look Versace vintage. Son ensemble en cuir était composé d’une chemise décolletée à manches larges à franges et d’un pantalon orné de détails cloutés à motifs spirales. Taille marquée par une double ceinture, la diva avait assorti ses escarpins noirs à son chapeau de cowgirl siglé de la méduse dorée, emblème de la maison italienne. Ce look Midnight Cowgirl est issu de la collection automne-hiver 1992 désignée par Gianni Versace. Son chapeau était, lui, issu de la collection printemps-été 2018.

Sur la scène du Dolby Théâtre de Los Angeles, Be­yoncé a livré un discours percutant ponctué de piques à ses détracteurs : «Ce soir, vous me considérez comme une innovatrice et je vous en suis très reconnaissante. L’inno­vation commence par un rêve, mais il faut ensuite réaliser ce rêve, et ce chemin peut être semé de nombreuses embûches. Etre innovateur, c’est voir ce que tout le monde croit impossible. Etre innovateur, c’est être régulièrement critiqué, ce qui met souvent votre force mentale à l’épreuve. Etre un innovateur, c’est s’appuyer sur la foi et avoir confiance au fait que Dieu vous accompagnera et vous guidera.»

Boost pour les jeunes artistes country
En quelques mots, la chanteuse de 42 ans répond aux virulentes critiques dont elle a fait l’objet dès la sortie de ses deux premiers singles country, Texas hold’ em et 16 carriages. Elle s’est immédiatement heurtée aux réticences de plusieurs diffuseurs de musique country, sur fond de racisme. Les radios spécialisées dans ce registre ont refusé de les diffuser sur leurs stations, pour des motifs aux relents discriminants et racistes. La chanteuse n’aurait, tout bonnement, pas sa place sur les ondes country. Depuis des décennies, les élites blanches, qui se sont approprié la country, l’ont assimilée à la culture conservatrice de l’Amérique profonde, alors qu’elle puise ses racines dans un héritage musical noir. Le banjo, instrument emblématique du genre, a été importé par les esclaves et utilisé dans les minstrels, des spectacles racistes joués à partir de 1830 aux Etats-Unis. Alors, avec son nouvel album, Beyoncé a décidé de rendre hommage à la country en tant que musique aux racines noires, et, comme à son habitude, elle cartonne.

L’acte II du tryptique musical entamé en 2022 avec Re­naissance bat des records de streaming. Dès sa sortie, il est devenu l’album le plus écouté en une journée de l’année 2024. Surtout, selon les informations du Hollywood Re­porter, Cowboy Carter fait bondir les écoutes des jeunes artistes noirs qui portent la country aujourd’hui. Plusieurs d’entre eux figurent justement en feat sur l’album de la chanteuse, notamment Brittney Spencer, Shaboozey, Tanner Adell et Willie Jones. Consciente de son impact positif sur le marché du streaming, Beyoncé a appelé l’industrie à se décloisonner : «A toutes les maisons de disque, à chaque station de radio, pour chaque remise de prix, j’espère que nous serons plus ouverts à la joie et à la liberté que procure le plaisir de l’art sans idées préconçues. Je souhaite dédier ce prix à tous les innovateurs qui ont consacré leur vie et leur art à créer des changements. Alors merci pour vos sacrifices, vos voix puissantes et votre esprit audacieux.» (…)
Vanity Fair