Après les déclarations controversées du Pm : DIOMAYE REFERME LA FAILLE

Sa sortie était très attendue. Finalement, le Président Faye a annoncé qu’il n’a aucune divergence avec son Premier ministre, tout en appelant à la responsabilité collective pour relever les défis.Par B. SAKHO –
Après la sortie controversée du Premier ministre qui a alimenté les débats, celle du chef de l’Etat était très attendue. Il a profité de la remise du rapport sur le Dialogue politique pour mettre fin aux supputations. «Certains disent oui, il y a des divergences avec le Premier ministre. Le Premier ministre, c’est mon ami. Nous n’avons aucun conflit», lance-t-il. Une manière de balayer les conjectures sur d’éventuelles tensions au sommet de l’Exécutif.
Pour le Président Faye, l’essentiel est de se concentrer sur les défis auxquels sa gouvernance est confrontée. «Nous avons hérité d’une situation financière difficile. Nous nous concentrons là-dessus pour une gestion transparente. J’ai l’intention de continuer à travailler sur les attentes des Sénégalais. Le seul combat qui vaille, c’est le combat contre les difficultés que les Sénégalais endurent, que nous-mêmes endurons en tant que gouvernants, nous qui sommes en butte à un héritage difficile. La vision est claire, l’honnêteté est là. Quand tu es en face d’une situation aussi difficile, tu te concentres sur ça. Sur ces questions sur lesquelles les Sénégalais nous attendent», ajoute le chef de l’Etat. Faisant référence à sa rencontre avec des investisseurs américains lors de son dernier voyage aux Etats-Unis d’Amérique, le chef de l’Etat a souligné que le premier atout du pays, pour les entrepreneurs étrangers, était la stabilité sociale et politique, que lui s’engage à préserver en s’appuyant sur toutes les bonnes volontés qui ont la même vision. Pour maintenir cette stabilité, le Président Diomaye Faye a déclaré que sa «responsabilité est de réconcilier les Sénégalais avec leur Justice». Ce qui passe par «libérer la Justice, non pas pour refaire ce que nous avons trouvé en arrivant. Non, il s’agit plutôt de dénoncer ce qui va de travers». Il a rappelé que cela lui avait valu 11 mois d’emprisonnement. Ce serait donc, pour lui, un échec de reprendre les mêmes comportements.
Cette forte déclaration va à l’encontre de celles de son Premier ministre, qui n’a jamais caché vouloir donner des injonctions aux acteurs de la Justice pour poursuivre ceux à qui il reproche des choses. Il l’a d’ailleurs démontré en félicitant publiquement le député Amadou Bâ, tout en se moquant des soutiens de Badara Gadiaga, alors que les deux avaient tenu des propos similaires au même endroit.
Poursuivant dans son propos, Diomaye a lancé un appel à la responsabilité collective : «J’en appelle à tout un chacun. Nous devons tenir nos promesses. Ce sont la gestion transparente, l’affirmation de la souveraineté, la veille systématique sur les intérêts de l’Etat, la libération de la Justice et la défense des libertés et de la préservation des libertés et des valeurs.» Valeurs sans lesquelles la paix n’est pas possible, a insisté le président de la République. Or, cette paix, a-t-il souligné, une fois qu’on l’a perdue, on ne peut la retrouver du jour au lendemain.
Il faut noter que le Président Bassirou Diomaye Faye a présidé, ce lundi, la cérémonie de remise du Rapport général du Dialogue national sur le système politique. Il a salué «un processus participatif et inclusif», et un «aboutissement heureux» de cette rencontre. «Toutes les composantes de la société ont eu voix au chapitre ; cela renseigne sur la grandeur du Peuple sénégalais et la solidité de notre démocratie», déclare le chef de l’Etat. Dans son discours, le Président Faye a insisté sur les consensus majeurs issus du dialogue comme la création d’un organe indépendant de gestion des élections, la mise en place d’une Cour constitutionnelle, la rationalisation des partis politiques, la réforme de la législation sur les partis, l’inscription automatique des primo-électeurs au moment de l’enrôlement pour la Carte nationale d’identité, la dématérialisation du processus électoral et la mise en œuvre du bulletin unique et du vote électronique.
Hommage à la classe politique
En tout cas, ces réformes, assure le Président, visent à «consolider et renforcer l’Etat de Droit», et à «pacifier et assainir notre espace politique et social». Dans son discours, le Président Faye a annoncé la mise en place, dès cette semaine, d’un comité ad hoc restreint, chargé de veiller à la mise en œuvre des décisions consensuelles issues du dialogue. «Les accords obtenus, fruits de discussions approfondies et parfois difficiles, trouveront une oreille attentive de ma part. Leur application sera assurée avec la plus grande rigueur», insiste-t-il. BDF salue la «posture républicaine» et la capacité à placer «le rayonnement de notre démocratie» au-dessus des intérêts partisans de la classe politique. «C’est l’expression d’un engagement citoyen, d’une volonté collective de bâtir un système politique plus juste et tourné vers l’avenir», note-t-il.
bsakho@lequotidien.sn