France 24 ne fait pas un traitement tendancieux de l’actualité au Sénégal. Vanessa Burggraf a voulu le prouver en rappelant au ministre de la Communication, les sujets traités sur le Sénégal depuis début juin. Pour elle, la chaîne française n’a pas de parti pris et reste ouverte à tous les acteurs politiques du pays. Par Malick GAYE – France 24 fait un traitement tendancieux

de l’actualité au Sénégal. C’est une affirmation à laquelle Vanessa Burggraf, la directrice de la chaîne de télévision française, ne souhaite pas associer le média qu’elle dirige. Dans une lettre dont le ton est tout à la retenue, et adressée à Moussa Bocar Thiam, et répondant à la dernière sortie de ce dernier, elle a expliqué le procédé de la chaîne de télévision. «En ce qui concerne la couverture de la garde à vue du député Birame Soulèye Diop, nous avons diffusé dans le journal de l’Afrique du jeudi 6 juillet un plateau très factuel de notre correspondante à Dakar, Sarah Sakho. Dans son sujet, Sarah Sakho affirme d’emblée que «Birame Soulèye Diop est poursuivi pour diffamation commise par un membre de l’Assemblée nationale contre un chef d’Etat étranger de nature à saper les relations diplomatiques de l’Etat, ainsi que pour discrédit d’une institution de la République». Les termes de notre correspondante sont sans équivoque. Elle reprend mot à mot les termes du Parquet», a-t-elle dit. Avant de préciser que France 24 a diffusé les propos de Birame Soulèye Diop et dans la foulée, les excuses qui ont suivi.

Pour autant, elle reconnaît que «le bandeau sur le fil d’actualité «Un opposant sénégalais en garde à vue pour avoir mis en doute les intentions de Macky Sall» était certes incomplet (nous avons repris les agences de presse comme de nombreux autres médias), mais ne traduit en aucun cas une quelconque couverture tendancieuse de cette actualité. Il n’y avait rien d’intentionnel, je tiens à vous en assurer». Dans la même logique, Vanessa Burggraf est revenue sur l’émission Les Observateurs qui avait enquêté sur les vidéos diffusées par la police pour expliquer la présence de personnes armées lors des émeutes de début juin. «La rédaction des Observateurs, saisie de vidéos circulant sur les réseaux sociaux par des observateurs sénégalais, a sollicité une réaction du gouvernement à cette enquête. Le porte-parole du ministère de l’Intérieur sénégalais, Maham Ka, a déclaré : «Ce qui est important pour nous, c’est que la parole de la police est une parole véridique.» … Ces propos ont été cités dans le sujet réalisé», a-t-elle relaté. Par conséquent, la directrice de France 24 assure que la chaîne veille à une couverture équilibrée et impartiale.

Elle en veut pour preuve la diffusion sur l’antenne francophone le lundi 3 juillet, dans son intégralité, le discours à la Nation du Président Macky Sall. Le débat organisé le lendemain, selon Vanessa Burggraf, a suivi les mêmes règles, avec la présence du porte-parole du gouvernement, Abdou Karim Fofana, et le représentant du parti Pastef France, Alioune Sall. «Nous sollicitons tous les acteurs de la vie politique sénégalaise dans un souci de respect du pluralisme et de l’équité. Nous avons évidemment fait une demande officielle pour recevoir le Président Macky Sall», a-t-elle ajouté. Il ressort de la correspondance de la responsable de la chaîne publique française que les autorités de ce pays ne tiennent pas à se mettre à dos les autorités sénégalaises. Sans doute essaient-elles d’éviter que se rééditent les mésaventures qui leur sont arrivées au Burkina et au Mali, où la chaîne a été interdite de diffusion et ses reporters expulsés ? D’autant plus que le gouvernement de Macky Sall semble s’être fait à l’idée que le classement du pays par Reporters Sans Frontières n’ira qu’en empirant pour un bon moment encore…
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