Seul contre tous, Domingo Simoes Preira (DSP), candidat du Paigc, commence à recevoir des adhésions de masses composées de frondeurs et de mouvements de soutien à travers le pays, venant de partis alliés du Madem-G15. Ce qui ressemble à une vraie remontée de la pente qui mène au Palais de Bissau.

Avec le soutien du 3ème, du 4ème et du 5ème à Umaro Sissoco Embalo pour le second tour de la Présidentielle, prévu le 29 décembre, la confiance est dans le camp du Madem-G15. Excepté «la mort», leur leader ne voit pas d’obstacle devant lui. A deux jours de la campagne du second tour, Bissau assiste à un changement de situation dans les coalitions où certains états-majors refusent de suivre les décisions prises par leurs leaders respectifs. Ces scissions sont en faveur du candidat du Paigc, Domingo Simoes Preira appelé, qui ne bénéficiera pas du soutien de Nuno Nabiam, de Jomav et de Carlos Gomez Junior. Ils ont tous officialisé leur soutien à Umaro Sissoco Embalo. Au niveau des candidats malheureux, Mamadu Iaia Djalo et Idriça Djalo ont rejoint la coalition du Paigc.
A l’exception de Nuno Nabiam, DSP fera face à trois hauts responsables du Parti africain pour l’indépendance de la Guinée Bissau et Cabo Verde, à savoir José Mario Vaz, Président sortant, Carlos Gomes Junior, ancien Premier ministre entre 2009 et 2012, et Umaro Sissoco Embalo porté par le Mouvement pour une alternative démocratique (Madem G-15), fondé par un groupe de dissidents du Paigc.
Malgré ses soutiens de taille pour le Madem-G15, DSP ne désespère pas. Et son entretien accordé à Dakaractu illustre à suffisance son état d’esprit. Pour lui, «ce n’est pas la vague de ralliements en faveur de son adversaire qui le fait douter, car seule la volonté des électeurs compte. Encore que, précise-t-il, l’Alliance du peuple unifié, parti membre de la coalition sous la bannière de laquelle Nuno Gomes Nabiam a participé à la Présidentielle, n’a pas encore répondu à la demande envoyée au sortir du scrutin du 24 novembre par le Paigc.»
Et le temps est en train de lui donner raison, car Nuno Nabiam du Prs fait face aujourd’hui au refus des membres de l’Alliance du peuple uni (Apu) qui avait porté sa candidature au premier tour.
A travers un communiqué en date du 4 décembre 2019, les cinq vice-présidents (Mamadu Saliu Lamba, Armando Mango, Joana Kobdé Nhanga, Fatumata Djau Baldé, Batista Té) et le secrétaire national de l’Apu (Juliano Augusto Fernandez) ont acté leur refus de suivre leur leader, arguant que M. Nabiam n’avait pas informé l’organe supérieur de la coalition avant d’officialiser son accord de soutien à Dakar.
Au-delà de la coalition, la formation politique, en l’occurrence le Prs, aussi a connu une division. Le président du Parti de la rénovation sociale qui était avec Nabiam à Dakar lors de la signature de l’accord politique avec le leader du G15 dira : «Notre parti va soutenir massivement le candidat Umaro Sissoco Embalo pour apporter un changement en Guinée-Bissau.» Mais le secrétaire général de son parti, Florentino Mendez Preira (époux de la veuve de Coumba Yalla), a décidé de ne pas suivre la décision de son leader.
Idem chez Jomav qui a tenu une conférence de presse pour matérialiser son soutien au candidat du Madem-G15. «Nous décidons de soutenir la candidature du général Umaro Sissoco Embalo et nous allons le faire», a déclaré José Mario Vaz. Malheureusement, il ne sera pas suivi par certains membres de son directoire.
Au-delà des frondes dans les partis et coalitions, nous assistons aujourd’hui à l’arrivée de mouvements de soutien, nés de la mésentente entre les leaders et leurs militants. C’est le cas chez Carlos Gomez Junior. Un mouvement de soutien de 500 membres né de sa coalition a vu le jour dans le bastion électoral appelé Cercle 29 de Bissau et compte battre campagne pour DSP.
Toujours dans ce Cercle 29 de Bissau, une autre saignée dans le camp du Président sortant. Un mouvement de soutien de 700 jeunes au profit du candidat du Paigc est lancé. Au moment où le Président sortant tenait sa conférence de presse à Bissau, un mouvement de soutien de près de 30 villages de son département Kayou a rallié les causes du Paigc. Dans le département de Bissora, fief de Nuno Nabiam, un mouvement composé de 22 villages a déclaré sa flamme à DSP.
Ces frondes et mouvements de soutien au profit du candidat du Paigc risquent de compliquer la situation pour le candidat du Madem-G 15 ; d’où la nécessité pour lui de miser plutôt sur l’engagement des masses populaires que sur celui des leaders politiques. Le soutien de ces masses populaires reste la seule voie fiable pour accéder au Palais de Bissau.
Talibouya AIDARA
Communicant/Journaliste
aidara.or.t@gmail.com