Le ministre de la Justice n’a pas trop attendu pour démettre de ses fonctions le directeur du Camp pénal, Baye Alley Konté, 72 heures après l’évasion spectaculaire de Baye Modou Fall alias Boy Djinné.Par Mamadou T. DIATTA

– Soixante-douze heures après son évasion étonnante, le fugitif Baye Modou Fall alias Boy Djinné fait reparler de lui. Cette fois-ci l’acte posé par le fugitif fait tomber une tête –et non des moindres– au Camp pénal de Liberté 6. Le directeur de cette prison, Baye Alley Konté, a été en effet limogé hier. La mesure a été prise hier soir par arrêté par le Garde des sceaux, ministre de la Justice, Me Malick Sall.
Le successeur de M. Konté est connu. Ainsi, l’inspecteur Ou­mar Diop, jusqu’ici chef de la Division des ressources humaines de l’Administration pénitentiaire, va commander aux ma­tons du Camp pénal de Liberté 6.
L’inspecteur Oumar Diop, quant à lui, cède son fauteuil à l’inspectrice Rose Sarr, qui était jusqu’à sa nouvelle nomination, en service à la Division sécurité pénitentiaire.
Ces mesures semblent être les conséquences de l’enquête diligentée par la Direction de l’administration pénitentiaire (Dap), au lendemain de l’évasion du détenu Baye Modou Fall alias Boy Djinné, qui réclamait ces derniers temps son jugement. L’enquête de police suit son cours, puisque la Sûreté urbaine est en train de mener ses auditions en interrogeant toutes les parties supposées impliquées dans cette affaire.
Dans une sortie sur une chaîne privée de télévision, ce lundi, Boy Djinné a qualifié sa fuite de sacrifice personnel et soutenait se battre pour que «la vérité éclate». Le fugitif ajoutait aussi qu’il comptait comparaître devant un Tribunal si toutefois la justice décidait de statuer sur son sort.
Revenant sur son évasion, il renseigne que l’endroit où il était détenu n’était pas assez sécurisé. «J’ai toujours dit qu’il n’y a pas de sécurité là où je suis détenu au Camp pénal, même si les gens soutiennent le contraire. A tout moment, nuit et jour, quand je veux sortir de là, je peux le faire. Eux ils réfléchissent, moi également je suis un être humain comme eux. J’étais dans une chambre 2m 20 sur 3m 10. Il y avait une aération en fer. J’ai enlevé le fer la nuit (…) Je n’ai eu aucun complice. Avant de faire une chose, je m’assure d’en avoir les capacités. J’ai pris mes propres responsabilités pour défoncer l’aération et je suis sorti», a-t-il détaillé.
Lors de cette interview, Boye Djinné révélait aussi que «pour une affaire politique, le Parquet me maintient en prison. Il n’y a en ce moment aucune affaire qui justifie ma détention, mais on a déterré une vieille affaire de 2008 qui s’était passée au Lagon 2. Pour celle-ci, j’ai été arrêté à Touba en 2009, puis placé sous mandat de dépôt avant d’être jugé en 2010».
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