Les nouveaux pavillons du campus social de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar apportent une nouvelle identité à l’institution. Œuvre du cabinet d’architecture Hardel Le Bihan, ces nouvelles constructions ont été réalisées dans une architecture bioclimatique, mais avec un fort cachet artistique développé par l’architecte et photographe Alun Be.Par Mame Woury THIOUBOU –

Dans une vidéo devenue virale sur TikTok, un étudiant s’exclame : «Dormir à Dubaï et se réveiller à Dakar.» L’étudiant est un des heureux locataires de ces nouveaux pavillons du campus social de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar. Ces nouveaux pavillons rafraîchissent l’espace universitaire et offrent aux étudiants un cadre de vie relativement diffèrent. Confortables, aérés et modernes, ces nouveaux pavillons révolutionnent la vie au campus. A l’origine de cette révolution architecturale, le cabinet Hardel Le Bihan, dirigé par Cyrille Le Bihan et Mathurin Hardel, qui s’est allié à l’artiste et photographe Alun Be pour imaginer et exécuter ce projet au cœur de l’université de Dakar. «Cette architecture est le fruit d’une aventure collective et d’une vision commune pour offrir à la jeunesse un cadre de vie démonstrateur de développement durable «Made in Sénégal»», expliquent les deux architectes. Présent dans la sous-région, le cabinet d’architecture, créé il y a 20 ans à Paris, s’est déjà illustré dans des projets à fortes dimensions écologique et sociale. Invité par la société d’assistance à maîtrise d’ouvrage Redman à participer à un concours de tour de bureaux pour le compte d’Amsa en 2015, l’agence parisienne parvient à gagner la confiance d’Amsa Realty Sa, qui lui confie la réalisation des nouvelles résidences étudiantes à bâtir pour le Coud en vue de loger 10 000 nouveaux étudiants et étudiantes sur le campus social de l’université sur les secteurs Ucad et Claudel.

En juin 2024, les deux premiers immeubles accueillent les 750 premiers étudiants. Ces immeubles de quatre étages sont composés de deux ailes de part et d’autre d’une percée centrale conçue comme un jardin intérieur. «Cette disposition est favorable à la fraîcheur et à la ventilation naturelle. Dans les étages, des salles d’études suspendues sont aménagées entre les ailes, où elles profitent de la fraîcheur émanant des «jardins de pluie». Les aménagements paysagers sont conçus pour diminuer l’effet d’îlot de chaleur et gérer les eaux pluviales par infiltration directe dans le sol», expliquent les réalisateurs. Construites en béton armé sur leur ossature et avec un remplissage en briques de terre cuite, pleines ou alvéolées pour la mise en œuvre des moucharabiehs qui permettent la ventilation naturelle des espaces, ces résidences sont un exemple d’architecture bioclimatique. Dans chaque chambre, chaque étudiant a accès à une fenêtre au niveau de son lit, en plus de fenêtres centrales et au-dessus de la porte d’entrée, pour garantir le rafraîchissement naturel par tirage nocturne. Au rez-de-chaussée, les étudiants ont accès à un éventail d’espaces communs : salles de télévision, laveries, conciergerie, commerces. Un étage sur deux, une chambre est remplacée par un salon commun, protégé du soleil et du vent par des cadres à ventelles. Dans ces différents espaces conviviaux et sur les terrasses, les étudiants disposent de mobilier en plastique recyclé signé du designer dakarois Bibi Seck. L’artiste et photographe Alun Be apporte sa touche par la réalisation de dessins sur ces moucharabiehs. «Avec l’équipe Hardel Le Bihan, nous avons saisi l’architecture comme une opportunité de révéler à grande échelle le savoir-vivre si riche des habitants de la sous-région. Les dessins de la double peau des façades en moucharabiehs sont ainsi associés aux facultés des différentes ethnies locales : la médecine chez les Akhan, l’astrologie des Dogons, la littérature des Mandingues…», explique l’artiste. Le résultat final est un plaisir pour les yeux, mais aussi un havre de bien-être pour les jeunes apprenants.
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