Y’en a marre est amputé de Kilifeu et Simon en prison dans l’affaire du trafic présumé de passeports diplomatiques et de visas. Leurs camarades dénoncent une tentative de destruction du mouvement et promettent un combat dans la rue que Sonko, Barth, Guy Marius Sagna et autres comptent soutenir.Par Malick GAYE –
Une forêt de micros et de caméras devant Aliou Sané et Thiat. Derrière eux, Fou malade et d’autres membres du mouvement, debout et en tee-shirt rouge et noir avec le nom Y’en a marre. A leurs côtés, Ousmane Sonko, Barthélemy Dias, Guy Marius Sagna, Babacar Diop, entre autres, venus apporter leur soutien à Kilifeu et Simon Kouka qui ont passé leur première nuit en prison mercredi, après leur inculpation dans l’affaire du trafic présumé de passeports diplomatiques. «Nous sommes pour la justice, mais ce qui est en train de se passer est un simulacre de justice», a déclaré Alioune Sané hier en conférence de presse. Pour étayer ses propos, le coordonnateur de Y’en a marre affirme que d’autres personnes ont été citées dans cette affaire sans être inquiétées. «L’affaire Kilifeu est un contre-feu par rapport à la situation des députés qui ont été cités dans l’affaire des passeports diplomatiques. La part de manipulation est réelle. Et cette auto-saisine sélective du procureur est aussi à dénoncer», a fulminé M. Sané. Y’en a marre, qui avait pris ses distances quand une vidéo montrant Kilifeu en train de marchander des visas avait été publiée par Leral, ne néglige pas l’image que des Sénégalais peuvent aujourd’hui avoir du mouvement. «Ce sont des membres du mouvement qui ont été de toutes les luttes et de toutes les conquêtes. Nous comprenons l’indignation de beaucoup de Sénégalais. Mais la posture institutionnelle de Y’en a marre a été constante», assure Aliou Sané. Son camarade Thiat d’ajouter : «Après toutes les batailles que Kilifeu et Simon ont menées pour le Sénégal, après avoir fait la prison pour le Sénégal, après avoir combattu des lois scélérates… C’est pourquoi nous pouvons comprendre que les Sénégalais soient déçus par certaines scènes de vidéos. Seulement, nous avons constaté qu’on a voulu faire de la diversion en tentant de lier ce dossier à celui impliquant des députés.»
«Nous allons mener le combat de la rue que nous connaissons bien»
Les activistes sont convaincus que «la justice est en train d’être utilisée comme bras armé du pouvoir exécutif» dans ce dossier, «pour que les voix discordantes puissent être discréditées». Ils estiment d’ailleurs que «les émeutes de mars derniers sont restées en travers de la gorge de Macky Sall». Pour eux, les délits d’association de malfaiteurs, corruption, tentative de faux dans un document administratif, complicité de corruption, usage de faux documents et complicité de trafic de migrants «n’ont rien à voir avec la vidéo» de leur «ami» Thier qui a déclenché l’affaire. Les Y’en-a-marristes se disent déterminés à défendre leurs camarades et la démocratie. «Nous allons mener le combat juridique, mais aussi le combat de la rue que nous connaissons bien et Macky Sall le sait. Cette affaire est une traque et une tentative de démantèlement d’un mouvement. On peut salir un tel ou un tel autre mais jamais cet esprit Y’en a marre», a dit Thiat. Et ils ne seront pas seuls. «Cette entreprise de destruction d’un mouvement aussi important que Y’en a marre a déjà échoué. Parce qu’il s’agit, faute de parvenir à détruire le mouvement par la voie judicaire, de le faire moralement pour le discréditer aux yeux des Sénégalais. Mais ça ne passera pas», a promis le leader de Pastef. Alors que Guy Marius Sagna décèle «une grande part de complot» dans cette affaire, Barthélemy Dias, lui, va plus loin. «Dans cette affaire, parler de lever de l’immunité parlementaire des députés cités relève de l’hypocrisie parce qu’il s’agit d’un flagrant délit. Ensuite, pour Kilifeu et Simon, il s’agit d’une vidéo, donc d’un flagrant délit. Pourquoi alors vouloir instruire ? C’est une prise d’otages», a dit M. Dias.
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