Le chef des passeurs arrêtés à Laayoune (Maroc) n’est pas Séné­galais. Il s’agit d’un Ghanéen qui circulait avec un faux passeport sénégalais avec le nom Sané.

C’est peut-être un ouf de soulagement pour la Police espagnole qui, dans une enquête conjointe avec la Gendarmerie marocaine, a mis la main sur un redoutable réseau de passeurs de migrants africains vendredi. A sa tête, un homme présenté comme un Sénégalais qui était pendant près de quatre ans sur la piste des enquêteurs. Le Quotidien a appris, pourtant, de sources proches des services espagnoles de l’immigration qu’en réalité, le chef de ce commerce très lucratif (500 à 3 000 euros par la traversée Laayoune-Iles Canaries, selon lemonde.fr) n’est pas Sénégalais. «A la suite d’investigations poussées des autorités espagnoles, il s’est avéré que l’homme interpellé au Maroc et présenté comme le cerveau de la bande détient un faux passeport sénégalais sous le nom de Sané. S’il est vrai qu’il a séjourné pendant longtemps au Sénégal, il reste qu’il est Ghanéen, parle français couramment et circulait aussi avec un passeport malien. Maintenant, il y a effectivement des Sénégalais dont un certain Falaye, originaire du sud du Sénégal, et un autre répondant du nom de Lamine qui ont également été arrêtés», confient les mêmes sources.
Il faut dire que Sané est connu des renseignements espagnols depuis fort longtemps, mais ses accointances avec les agents de sécurité de Laayoune lui ont permis de rester presque intouchable. Cette «complicité» lui aurait facilité l’obtention de certains documents d’identification. Après avoir tenté en vain d’arrêter les mis en cause en vertu d’un mandat d’arrêt international émis par un juge d’instruction espagnol, les plus hautes autorités de ce pays ont dû mettre la «pression» sur Rabat afin que cessent les activités de la bande à Sané qui était à leur énième forfait. Et ce ne sera pas une promenade de santé pour ces hommes accusés d’avoir jeté par-dessus bord des dizaines de candidats clandestins. Les services espagnols de l’immigration comptent au moins 75 disparus en mer, en grande partie des Comoriens. Il faut dire que c’est un énorme coup marqué dans la lutte contre l’immigration clandestine. «Après son jugement au Maroc, il sera encore jugé en Espagne parce qu’il y a eu beaucoup de morts», précise-t-on.
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