Interpellé sur l’arrêté publié par le Men relatif aux règlements intérieurs des établissements d’enseignement publics et privés du pays, Kalidou Diallo estime que les véritables défis sont ailleurs. Selon l’ancien Men, la priorité est la mise en application de la scolarité obligatoire pour les enfants des deux sexes âgés de 6 à 16 ans. Et aussi l’amélioration du taux de scolarisation dont la baisse a été annoncée lors du Conseil interministériel de la rentrée.Par Dieynaba KANE –

L’ancien ministre de l’Education nationale, Kalidou Diallo, a réagi à l’arrêté du Men sur les règlements intérieurs des écoles. Analysant ainsi la décision prise par les nouvelles autorités d’exiger aux écoles de garantir dans leurs règlements intérieurs «l’acceptation du port de signes religieux tels que le voile, la croix, les perles sacrées», l’ancien Men sous le régime du Président Wade «trouve politiquement irrationnel de s’attaquer de fait à l’Eglise sur une question déjà réglée». Et le consultant sur l’Education, le travail et le dialogue social de s’interroger : «Peut-on imposer aux écoles et aux écoles coraniques des élèves tête nue, jupon ou robe courte ?» Même s’il trouve l’arrêté intéressant, M. Diallo estime que «la question du voile est en principe réglée en partie depuis 2011» sous son «magistère» et avait aussi, avec son «collègue le ministre Mamadou Talla, trouvé un consensus (ministère, église et parents d’élèves concernés)».
De l’avis de Kalidou Diallo, «la priorité est la mise en application» du paragraphe de la loi d’orientation qui parle de «la scolarité obligatoire pour les enfants des deux sexes âgés de 6 à 16 ans». L’ancien ministre rappelle que «l’Etat a l’obligation de maintenir au sein du système scolaire les enfants âgés de 6 à 16 ans». «La scolarité obligatoire est assurée gratuitement au sein des établissements publics d’enseignement (loi 91-22 modifiée par la loi 2004-37)», a-t-il souligné, avant d’ajouter : «J’espère bien que Monsieur Guirassy demandera à toutes les écoles de s’y conformer.»

Autre point important dans le système éducatif qui mérite qu’on y prête plus d’attention, c’est le taux de scolarisation. Kalidou Diallo a marqué son étonnement en découvrant la baisse de ce taux. Il dit : «Lors du Conseil interministériel de rentrée, j’ai noté, en sursautant, que le taux de scolarisation est tombé à 63% ! (Je pense bien que c’est une coquille). Ce taux était à 83% lors de la revue d’avril 2004 et de 94% en 2011, et le taux d’accès au primaire dépassait les 100% par rapport aux attentes, mais d’après le Conseil interministériel de rentrée, il serait tombé à 65%. Je pense bien qu’il y a une confusion de chiffres !»

Pour Kalidou Diallo, «en tout état de cause, la priorité est bien là». Et d’insister : «17 à 37% des enfants du Sénégal en âge scolaire seraient hors du système éducatif au 21e siècle, en 2024 ! Voilà le principal défi à relever.» Partant de ce fait, l’ancien ministre de l’Education nationale, également enseignant à l’Ucad, soutient que les nouvelles autorités «doivent chercher à avoir un diagnostic scientifique de la situation de l’école sénégalaise pour bien prendre en charge les enjeux dans leur programme en cours d’élaboration».
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