ART – Atelier de céramique de Mauro Petroni : Le Cœur culturel de Dakar

Installé au cœur du quartier des Almadies, l’Atelier de céramique de Mauro Petroni est à la fois un lieu de création et une galerie pas comme les autres. Mais c’est également entre ces murs que sont nés des manifestations phares de l’agenda culturel dakarois, le « Off » de la Biennale ou « Le Partcours », deux évènements dont le succès ne se dément pas au fil des années.
Quand il installait son atelier, le quartier avait encore les allures d’une friche. Une succession de terrains vagues abandonnés aux divagations des animaux et de quelques gamins aventureux. Trop loin du centre de Dakar, les Almadies n’avaient pas encore l’aura qu’ils se sont forgés depuis. Trente-cinq ans plus tard, le quartier est devenu le coin le plus huppé de la capitale. Et l’atelier de Mauro Petroni, un passage obligé pour qui veut visiter le Dakar culturel et artistique. Situé à l’entrée d’une impasse l’atelier tranche d’avec le style bling du coin. Ici, calme, douceur de vivre et quiétude. Malgré la présence de quelques employés plongés dans de studieux travaux, le lieu est d’une fraîcheur bienvenue. Dès que la porte en fer est franchie, un four massif attire l’attention. Il est installé dans une partie de l’atelier et c’est de lui que dépend la qualité des pièces produites. Très affable, le maître des lieux mène la visite. A droite, une galerie permanente porte des toiles. Mais il ne faut pas s’y tromper, c’est plutôt l’espace d’exposition personnelle de Mauro Petroni. Pour la plupart, il s’agit d’œuvres lui appartenant. Mais certaines sont aussi en exposition parce qu’ayant été confiées par leurs auteurs.
Dans ce lieu entièrement dédié à l’art, Mauro Petroni pense ses créations, mais prend également le temps d’œuvrer pour la scène artistique dakaroise. C’est d’ici qu’il orchestre l’organisation du «off» de la Biennale de Dakar. Tout comme le Partcours a pris naissance et connu son envol entre ces murs. «Mon parcours, je l’ai toujours fait avec du monde, avec des amis artistes. Et c’est dans ce contexte qu’on s’est dit qu’il fallait créer une synergie parmi les espaces culturels. C’est ainsi qu’est né le Partcours», raconte-t-il. Avec ces amis dont Koyo Kouoh, l’ancienne directrice de Raw materials, l’aventure est lancée et rencontre très vite un vif engouement. «Les gens étaient prêts à adhérer et tout de suite, on s’est retrouvé avec une quinzaine d‘espaces», rappelle-t-il. Le succès de l’évènement et l’engouement du public surprennent même ses initiateurs. Les sollicitations se multiplient et cette 9e édition en est la preuve. L’évènement a été approché par la prestigieuse foire 1 : 54 de Marrakech. Trop de galeries tapent d’ailleurs à la porte, mais toutes ne peuvent pas encore accéder au saint des saints. «On ne refuse pas des galeries, mais on est prudent. On attend que les conditions soient réunies. Le Partcours est différent du ‘’off’’ parce que là-bas on fait seulement la liste des sites. On ne s’occupe pas de faire la réussite de l’évènement», explique M. Petroni. Pour le Partcours, l’organisation est millimétrée. Chaque galerie accueille ses artistes, mais les vernissages se font de quartier en quartier. L’évènement, très festif, est devenu un incontournable du Dakar culturel. Mais le modèle économique n’a pas changé. L’objectif n’est pas de faire du bénéficie. Aussi, c’est grâce au sponsoring de quelques institutions comme Eiffage, le ministère de la Culture, le Goethe institute ou l’Institut culturel français (Icf) que les charges liées à la communication et à l’organisation sont assurées.
Savoir-faire artisanal
Arrivé au Sénégal en suivant les chemins de l’aventure, Mauro Petroni rencontre la céramique par l’intermédiaire d’une personne travaillant sur le chantier de l’Hôtel des Almadies. «Après, j’ai continué et je me suis senti bien ici. J’avais un très bon contact avec le Sénégal et j’ai poursuivi l’aventure». La céramique est un art qui s’adosse à un savoir-faire artisanal. Même s’il est quelque peu absent de nos contrées subsahariennes, une grande tradition de poterie existe dans la région. Incollable sur le sujet, Mauro Petroni évoque la vallée du fleuve Sénégal, le Mali. «En Afrique, au Sénégal, au Mali, il y a une grande tradition de poterie. Maintenant, la céramique s’arrête au Maghreb parce qu’il faut des cuissons sur des fours beaucoup plus sophistiqués», explique M. Petroni. Dans son travail, pas d’objets utilitaires, mais bien des créations artistiques aux magnifiques couleurs chatoyantes obtenues après tout un processus qui permet de transformer la terre rouge venue de Tchiky en une œuvre d’une beauté sans égale.