Londres a restitué mardi à l’ambassadeur irakien une stèle babylonienne de grande valeur et vieille de 3000 ans, probablement pillée lors de la guerre en Irak selon le gouvernement britan­nique.
Le directeur du British Museum, Hartwig Fischer, a rendu cette stèle, authentifiée par des experts, à l’ambassadeur Salih Husain Ali. «C’est une pièce très importante de l’héritage culturel irakien», a observé Hartwig Fischer, profitant de la cérémonie organisée pour louer «l’extraordinaire et infatigable travail» des garde-frontières.
Ces derniers l’avaient repérée en 2012 à l’aéroport londonien de Heathrow et prévenu le musée. «Quelques années plus tard, après un gros travail juridique, nous pouvons réaliser le transfert» vers l’Irak, s’est félicité Michael Ellis, secrétaire d’Etat britannique pour les Arts.
Les conditions du pillage de cette stèle restent floues «mais nous croyons qu’elle a probablement été volée il y a quinze ans», pendant la guerre, a-t-il précisé.
De son côté, l’ambassadeur irakien a estimé que cette restitution constituait «un exemple parfait d’une coopération qui bénéficie à nos deux pays».
Cette stèle, appelée «Kudu­rru», porte le texte d’une donation royale de terres par le roi babylonien Nabuchodonosor Ier à l’un de ses sujets pour le remercier de ses services, selon Jonathan Taylor, conservateur au British Museum.
Sur une de ses faces, on peut voir des représentations des grands dieux babyloniens, Enlil et Marduk. Sur l’autre, un texte juridique en cunéiforme, une forme d’écriture utilisée en Basse Mésopotamie.
Selon Jonathan Taylor, la stèle a la réputation de jeter de «terribles sorts» à quiconque essaierait de l’abîmer ou de s’emparer de la terre dont elle consacre l’offrande.
On connaît actuellement l’existence de moins de 200 stèles de ce type. Celle rendue mardi à l’Irak a été brisée pendant l’Antiquité et s’est érodée, compliquant le travail des chercheurs pour remonter le fil de son histoire.
«L’identification basique est plutôt simple», a indiqué Jonathan Taylor. Mais «c’est plus difficile de définir exactement de quel roi il s’agit et les circonstances» du don. Pour ce faire, «nous avons besoin de lire l’inscription et (cette stèle) est abîmée», a-t-il observé.
Toutefois, «quelques indices» ont permis d’établir qu’il s’agissait du roi Nabuchodonosor Ier, «une sorte de héros national, une légende de son époque».
Les chercheurs pensent également que la pierre était exposée dans l’ancienne ville de Nippour, au centre de l’Irak actuel.
«C’est davantage qu’une pierre taillée… C’est un testament de l’histoire remarquable de la République d’Irak», a conclu Michael Ellis.
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