Novembre qui arrive, va élire et déchoir du politicien : Législatives. Novembre qui arrive, verra se tenir la Biennale : culture. Deux organisations : l’une lourde, et lourde, l’autre. Deux évènements : l’un le 7, et le 17, l’autre. Et «puisqu’il faut le faire, faudra bien le faire». Comme dirait Dread Max.Par Moussa Seck – 

Il y a eu de la politique : une élection, un nouveau Président, de nouveaux ministres, et, pas trop d’espace dans les emplois du temps. Le Dak’Art attendra. La Biennale attend. Il y a de la politique : une Déclaration de politique générale, qui devait se tenir, qui ne s’est pas tenue, pas trop d’espace pour l’Assemblée nationale. Dissolution.
La Biennale, elle, attend encore. Il y aura de la politique : les Législatives, tout ce que ça nécessite comme organisation, et, qui sait, peut-être, peu d’espace encore il y aura dans les emplois du temps pour la Biennale. Qui attend, et fait attendre ses acteurs. Et fait écrire certains. L’un d’eux, Oumar Sall, emprunte de l’espace à Mark Zuckerberg, sur Facebook, qui s’interroge.
«L’idée d’inaugurer une biennale le 7 novembre, suivie d’élections le 17, soulève de légitimes interrogations.» Et, question : «quels sont les risques encourus ?», s’interroge l’auteur et critique. «Les nouvelles dates fixées depuis le mois d’avril semblaient convenir à tous les acteurs du secteur. Mais la configuration avec les élections législatives, qui empiètent sur la Biennale Dak’Art, apporte du flou pour l’organisation d’une biennale», répond, à l’interrogation de M. Sall, un autre acteur du monde de la culture sénégalaise. Wagane Guèye, le répondant, a une expérience de plus de trente ans. Il est commissaire d’exposition et directeur artistique. Plus : initiateur des circuits d’art Doxantu Art Tour. Et, pour lui, la Biennale, c’est précisément un moment où ces doxkat d’artistes viennent d’ici, de là et d’ailleurs pour offrir à Dakar les fruits de leurs voyages d’inspiration et de création. «C’est une occasion pour tous les professionnels de l’art de se rencontrer, d’évaluer et de partager autour de milliers d’œuvres.»
L’idée d’un report jusqu’en 2026 chez certains
Les rencontres de la Biennale s’évaluent, aussi. La Biennale, chiffres Ansd (Agence nationale de la statistique et de la démographie) de 2018, ce sont 1000 exposants, 6000 visiteurs, 702 millions de dépenses pour ces derniers et 156 millions pour les exposants, 1, 96 milliard de produits exposés et 227 millions de ventes réalisées et déclarées. Et 308 sites. Ces chiffres, collectés entre Dakar, Thiès et Saint-Louis, et extrapolés pour être appliqués à l’ensemble du territoire national, sont livrés par Malick Diop de l’Ansd, lors de la Biennale de 2022. Des chiffres donc, qu’on pourrait qualifier de gros et qui, parce que gros, ont besoin d’une organisation qui a les épaules assez larges pour les supporter. «Or, continue de remarquer Oumar Sall sur Facebook, avec des élections en novembre, la République n’aura tout simplement pas les moyens de s’investir pleinement dans cet événement. Car il ne suffit pas d’allouer un budget et de présider une cérémonie d’ouverture.»  Mais ce novembre qui arrive, sera politique ! Cette politique qui élit et déchoit. Et, pourtant, ce moment de communion de la culture, qui voit son édition 2024 s’assombrir sous les nuages orageux des élections législatives, est, lui aussi, politique. Si, «un moment politique fort où toute la République se mobilise pour accueillir galeristes, artistes, collectionneurs et critiques». Politique, parce qu’«un temps dédié à la culture, un secteur essentiel au bien-être de la Nation».
Septembre va vers sa fin, octobre arrive et la République des politiques attend son novembre des Législatives. Septembre, bientôt la fin, après il faudra patienter qu’octobre passe pour que la Nation des arts entre dans son novembre de biennale… même si ! Même si pour Wagane Guèye, il était bien possible de prolonger la patience… jusqu’en mai 2026. «Je suis de ceux qui pensent qu’il fallait mieux reporter, c’est-à-dire tenir la Biennale en mai 2026», Monsieur. Cette solution pourrait s’avérer «dure pour les acteurs culturels» mais, poursuit-il, «cela nous aurait permis d’être mieux préparés et d’éviter que nos dates se chevauchent».