Tout le monde ne pouvait être dans un gouvernement de 32 ministres. Mais le Président Sall pourra (re)caser certains responsables de son parti ou ses alliés dans les grandes directions libérées. Il s’agit de l’Artp, de la Senelec, du Coud, du Patrimoine bâti, du 3Fpt ou encore de la Sodagri .
L’Artp, une autorité à gros sous
Le bonheur des uns peut aussi faire le… bonheur des autres. Le remaniement ministériel a vu l’entrée de nouvelles têtes dans le gouvernement (provisoire) de Dionne. Parmi eux, il y a des directeurs généraux qui doivent être remplacés. Et pas des moindres. Les directions ou agences qu’ils ont libérées n’ont rien à envier à certains départements ministériels. L’Autorité de régulation des télécommunications et des postes (Artp), qui était entre les mains de Abdou Karim Sall, est d’autant plus juteuse que le salaire du Dg fait des émules. Même si le Président Macky Sall avait remis de l’ordre dans cette boîte à sous, sous Wade, l’on a eu à parler, un temps, de 14 millions par mois pour le patron, de 8 millions pour un autre. On se souvient aussi que le salaire était si élevé que Thierno Alassane Sall a pris sur lui-même la décision d’opérer une coupe volontaire en ramenant son salaire à moins de 10 millions. Son directeur est l’un des rares à être aussi gâté. Et l’explication se trouverait, confient des spécialistes, dans «la volonté de l’Uemoa de protéger le régulateur en chef contre les puissances des opérateurs de téléphonie». L’Artp est davantage importante qu’elle est rattachée à la présidence de la République.
Senelec, la grosse boîte
C’est une autre direction qui a l’importance du ministère. Quand Mouhamadou Makhtar Cissé a quitté le cabinet présidentiel pour la direction de cette société, beaucoup y avaient vu une sanction, une purge. Mais la sensibilité du secteur de l’électricité en faisait un gros défi à relever. Semble-t-il que ses résultats ont justifié sa nomination à la tête du ministère du Pétrole et des énergies. Mais si la direction est lorgnée, c’est parce que, naturellement, Cissé ou ses prédécesseurs étaient bien logés financièrement.
Qui va y mettre son «Coud»
Le Coud fait souvent parler de lui. Et très souvent en mal puisque plusieurs directeurs y ont laissé des plumes. Cheikh Oumar Hann est le dernier à être épinglé pour «faute de gestion». Mais c’est devenu une tradition. Au-delà de l’argent, il y a la pléthore d’employés qui est en jeu. Il est devenu presque une tradition que chaque directeur y case ses hommes. Sans doute certains qui n’ont pas pu être dans le gouvernement ont les yeux rêvés sur le Coud.
L’Agpbe, un «patrimoine» financier
Il y a aussi l’Agence de gestion du patrimoine bâti de l’Etat (Agpbe) que dirigeait un autre Abdou Karim, Fofana celui-là, et qui est «placée sous la tutelle du Secrétariat général de la Présidence et sous la tutelle financière du ministère chargée des Finances». C’est un budget de près de 20 milliards, donc un «patrimoine» financier au regard des grands projets de logements de l’Etat comme on l’a vu avec les sphères ministérielles. Son prochain directeur aura la charge de s’occuper également de grands dossiers comme les Buildings administratifs régionaux qui devraient être financés par la Caisse de dépôt et consignations (Cdc) et, peut-être le projet du nouveau Palais présidentiel. Sans compter le Grand village des Nations unies à Diamniadio qui devrait être livré en 2021. Ce qui fait de l’Agpbe un «département» fortement convoité.
3Fpt, une enveloppe de 20 milliards en jeu
Le chef de l’Etat veut faire de la formation professionnelle et technique un département pourvoyeur d’emplois, lui qui table sur 1 million d’emplois. Dame Diop, ministre de l’Emploi, de la formation professionnelle et de l’artisanat est dans sa matière. Il est quand même l’un des rédacteurs du Yoonu yokkuté. Et ce n’est pas pour rien qu’il occupait le Fonds de financement de la formation professionnelle et technique (3Fpt) qui a un impact social sur la jeunesse, une autre priorité de Macky Sall qui en a fait un ministère plein. Alors, le remplaçant de Dame Diop aura à gérer près de 20 milliards de F Cfa et à poursuivre l’objectif de formation de 10 000 jeunes. Au-delà de l’appui de ses partenaires techniques et financiers que sont la Banque mondiale, l’Agence française de développement (Afd) et la Coopération luxembourgeoise, 3Fpt compte aussi sur la Contribution forfaitaire à la charge de l’employeur (Cfce) qui était de 25% en 2016. Elle devrait atteindre 100% en 2018, soit une enveloppe de 20 milliards de francs Cfa, selon le désormais ex-directeur du 3Fpt.
Mais il y a aussi la Société de développement agricole et industriel (Sodagri) que le nouveau ministre de l’Agriculture et de l’Equipement rural, Moussa Baldé, dirigeait jusqu’ici. La Sodagri table, pour la campagne agricole 2018-2019 sur une production rizicole de 270 000 tonnes dans le bassin de l’Anambé, avait indiqué à l’Aps son désormais ex-directeur général.
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