Le Sénégal attend depuis une décennie le démarrage du projet de dépollution de la baie de Hann. Selon le directeur général de l’Office national de l’assainissement du Sénégal (Onas), les travaux peuvent démarrer cette année avec la mobilisation du financement nécessaire.

Depuis plus d’une décennie, le projet de la dépollution de la baie de Hann peine à démarrer. Selon le directeur général de l’office national de l’assainissement du Sénégal (Onas), le projet pourrait bien démarrer cette année. «Ce projet, on en parle depuis dix ans. Et ce matin, j’étais en réunion avec des habitants de la baie de Hann pour régler des problèmes d’impense, mais notre défi pour cette année 2018, c’est que ce projet puisse effectivement démarrer», a expliqué M. Sakho en marge de la cérémonie d’inauguration de l’usine de traitement des eaux usées de la Société des brasseries de l’ouest africain (Soboa). Selon M. Sakho, le principal obstacle au démarrage du projet a été levé avec la mobilisation du financement nécessaire. Le premier volet du projet va nécessiter un financement de 60 millions d’euros (environ 40 milliards de francs Cfa), mais avec les volets complémentaires, ce montant peut atteindre 90 millions d’euros (près de 60 milliards de francs Cfa).
La baie de Hann, jadis considérée comme la 3e plus belle baie au monde, est aujourd’hui un dépotoir d’ordures ainsi que le réceptacle des rejets industriels des entreprises installées tout autour. «J’espère que la Soboa va servir d’exemple pour les entreprises qui sont dans la baie et qui y rejettent des déchets industriels, car c’est une des clés de succès pour que la dépollution de la baie de Hann fonctionne. Il faut un traitement primaire avant de faire un traitement secondaire qui permette de régénérer la baie», indique M. Sakho. Il faut dire que la Soboa a pris les devants en investissant 1,3 milliard de francs Cfa dans cette usine de traitement des eaux d’une capacité de 4 400 mètres cubes par jour et qui a été inaugurée hier par le ministre de l’Industrie Moustapha Diop.
L’unité construite au cœur de l’usine tourne présentement avec une capacité de 2 400 mètres cubes jour, explique Mme Fatou Seck Ndiaye, responsable Qualité de la Soboa. Selon Mme Ndiaye, l’eau rejetée par l’usine est désormais si propre qu’elle sert à alimenter les aquariums de l’usine. Un exemple que Mme Maryline Diarra, directrice de l’Environnement et des établissements classés, souhaite voir repris par les autres entreprises qui continuent de polluer la baie de Hann, malgré l’existence d’un dispositif contraignant comme la taxe pollueur-payeur. «En théorie, il y a un dispositif contraignant puisqu’on applique ici la taxe pollueur-payeur, mais c’est en théorie et on n’est pas encore arrivé au stade où on l’applique sur le terrain. On espère y arriver et des efforts importants sont faits pour sensibiliser les sociétés. Ce n’est pas facile parce que ce sont des investissements faits par les sociétés qui peuvent être lourds, mais qui sont bénéfiques à long terme», souligne Mme Diarra.
Pour le Dg de l’Onas, il ne faut pas parler de contraintes en la matière, mais plutôt de discussions inclusives. «Nous ne sommes pas dans une logique contraignante, mais de discussions inclusives et de partage d’informations pour que ces entreprises arrivent à se mettre à niveau», explique M. Sakho en précisant que généralement, ces entreprises installées autour de la baie de Hann sont pour la plupart de très petites entreprises. «Il faudrait qu’on les accompagne pour qu’elles se mettent aux normes tout en restant compétitives», estime le Dg de l’Onas. Au-delà de la baie de Hann, le projet englobe également l’accès à un assainissement collectif pour les populations de Mbao, Thiaroye et Hann.

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