Le ministre de la Culture et de la communication veut réguler le secteur de la presse. Abdoulaye Diop, qui a rencontré les acteurs de la presse en ligne hier, annonce que la commission de délivrance des nouvelles cartes de presse a été déjà formée et devrait démarrer très prochainement.
L’Etat du Sénégal va mettre en place tous les instruments nécessaires pour assainir le milieu de la presse. Le ministre de la Communication, qui a rencontré hier les acteurs de la presse en ligne, informe que très prochainement, l’identification des journalistes va se faire avec la délivrance des cartes nationales de presse, conçues par une entreprise de droit sénégalais, sous le contrôle du ministère de la Culture et de la communication. Abdoulaye Diop, qui a décidé d’assainir ce sous-secteur de la presse, a présenté quelques exemplaires de cette nouvelle carte de presse. Le ministère informe en tout cas que l’arrêté est déjà signé et la commission de délivrance va se réunir bientôt. En outre, Abdoulaye Diop informe que le Fonds d’appui à la presse va remplacer la subvention communément appelée aide à la presse.
Dans un contexte d’ «infobésité» favorisant les fake news (fausses nouvelles), le ministre Abdoulaye Diop a appelé les acteurs de la presse en ligne à jouer pleinement leur rôle et en toute responsabilité. Car selon lui, à côté du manque de professionnalisme de la plupart des acteurs dans le traitement et la diffusion de l’information, le non-respect des codes d’éthique et de déontologie, l’on note des dérives répétées qui portent souvent atteinte à la vie privée des personnes, à la dignité humaine et peuvent même être source de conflits ethniques ou religieux à causes des nombreux dérapages. L’heure est donc venue pour les acteurs qui, pour la plupart, reconnaissent le mal plus que profond que vit la presse en ligne et la presse de manière générale, avec un modèle économique qui laisse à désirer, d’agir.
Plus de 150 sites d’information
Apparue dans les années 90, la presse en ligne sénégalaise connait un développement multiforme et est devenue aujourd’hui un des principaux supports d’information pour le public. Même s’il est difficile de donner des chiffres précis, le ministère de la Communication a recensé plus de 150 sites d’information en ligne. Ce foisonnement s’explique par l’inexistence de législation sur la presse en ligne avant le vote de la loi n° 2017 – 27 du 13 juillet 2017 portant Code de la presse qui dispose que la création d’un organe est assujettie à des préalables juridiques et administratifs. Avec le nouveau Code de la presse, le Sénégal veut franchir un nouveau palier qui consistera à encadrer le métier de journaliste.
Pour le ministre, c’est aux acteurs d’assurer l’autorégulation. Dans ce sens, Abdoulaye Diop se dit ouvert au dialogue. Le président de l’Association des professionnels de la presse en ligne (Appel) invite pour sa part à l’application du nouveau code car, soutient-il, «la survie des journaux en ligne en dépend». Ibrahima Lissa Faye a évoqué la nécessité d’avoir un observatoire de la presse en ligne pour mieux encadrer ce secteur. D’après lui, le Code de la presse a une valeur juridique. «Tel qu’il est rédigé, beaucoup de sites en ligne sont appelés à disparaître s’ils ne s’adaptent pas aux exigences». Il prévient toutefois que l’Appel ne soutiendra aucun site d’information en conflit avec la loi.
Le Syndicat des professionnels de l’information et de la communication du Sénégal (Synpics), qui a pris part à cette rencontre, a salué ce pas supplémentaire du ministère de la Communication. Toutefois, dit le Secrétaire général Bamba Kassé, «nous restons sur notre faim quant à l’application du Code de la presse, voté il y a de cela deux ans». Appelant à des avancées significatives, Bamba Kassé, qui appelle ses confrères à ne pas avoir peur du changement, tente de les rassurer. «Si la commission fait un mauvais procès à un journaliste en lui refusant à tort la délivrance de la carte de la presse, cette décision peut être attaquée en justice par les syndicats», dira-t-il. En plus du Synpics, d’autres organisations de la presse étaient conviées à la rencontre.