Quand on veut quelque chose, il faut se donner les moyens de l’obtenir. Aïdara Cheikh Mouhamadou Traoré, qui semble l’ignorer, encourt 20 ans de travaux forcés. En fait, cet accusé qui comparaissait hier devant la Chambre criminelle pour assassinat, avait une copine. Il voulait avoir une intimité avec cette dernière, mais il n’avait pas de chambre pour l’accueillir. C’est ainsi que le 22 août 2013 en compagnie de sa petite amie, il s’était rendu au domicile de la victime à son insu. Une fois sur les lieux, il s’est dirigé directement vers la chambre de son ami qui était encore au travail. Mais la maman de ce dernier qui avait remarqué que Traoré était en bonne compagnie, lui a interdit l’accès. Et quand son fils est revenu du travail, elle lui a fait des remontrances. Outré, Pape Mbaye est allé voir Aïdara Cheikh M. Traoré pour lui exprimer son désaccord par rapport à l’acte qu’il venait de poser. Il y avait eu un échange de propos aigres-doux. Les amis en sont venus aux mains avant d’être séparés.
Mais le lendemain matin, la victime qui était très loin de digérer cette affaire, est revenue chez l’accusé pour s’offusquer à nouveau de son comportement de la veille. Ils ont eu encore une altercation à l’issue de laquelle la victime est sortie vainqueur. Ne pouvant pas supporter cette humiliation, Aïdara Cheikh M. Traoré est allé prendre un couteau dans leur cuisine pour régler ses comptes à son antagoniste. C’est ainsi qu’il l’a surpris en lui administrant des coups à l’épaule, au cou, occasionnant ainsi une plaie de 4 cm, au nez, trois sutures et à l’arcade.
Après avoir commis son acte, l’accusé avait remis le couteau à son jeune frère. Mais ce dernier, qui avait vu que l’arme était tachée de sang, ne s’est pas fait prier pour en informer son père. Quant à la victime, elle a été conduite à l’hôpital pour des soins. Ramené à la maison après ses premiers soins, Pape Mbaye ressentait de vives douleurs. C’est ainsi qu’il a été conduit à nouveau à l’hôpital où il a rendu l’âme vers les coups de 4 heures du matin en laissant deux femmes et deux enfants.
Informé de la mort de son ami, Aïdara Cissé Traoré a tenté de fuir. Mais il sera vite arrêté en compagnie d’un de ses amis avec qui il était au cinéma de Pikine. Hier devant la barre, il a tenté d’atténuer sa responsabilité en prétendant avoir donné un seul coup de couteau. Il dit même ignorer la partie qu’il a atteinte. Il ajoute n’avoir pas eu l’intention de donner la mort. Il voulait, poursuit-il, aller chercher sa chemise après la bagarre. Et quand il a été attaqué par la victime, il est revenu chercher un couteau pour se défendre. Des déclarations qui sont loin d’emporter la conviction du Parquet pour qui l’arme utilisée serait longue de 20 cm et large de 7 cm. De l’avis toujours du maître des poursuites, les parties visées attestent qu’il voulait en finir avec son ami. Estimant que la culpabilité de l’accusé ne souffre d’aucun doute et que la vie humaine est sacrée et n’a pas de prix, il a requis 20 ans de travaux forcés.
La première femme du défunt, Seynabou Diallo, réclame 4 millions de francs Cfa et la deuxième épouse, Mame Binta Mbaye, 5 millions francs. L’avocate de la défense, quant à elle, estime qu’il n’y a pas de préméditation. Elle a demandé de disqualifier les faits en coups mortels et de faire une application bienveillante de la loi. Aïdara Cissé Traoré sera édifié le 17 aout prochain.
justin@lequotidien.sn