Au nom de la loi sur la parité, Pape Diop a perdu son poste de 8ème vice-président au profit de Fatma Diop, une députée Pds qui revendique sa proximité avec le président de la République Macky Sall. Au terme d’une ouverture de session rythmée de passions et de tensions, c’est le groupe Liberté et démocratie, mais surtout le parti Bokk gis gis, qui risque de se mordre les doigts.

A l’Assemblée nationale, ce que Benno bokk yaakaar veut, Dieu le veut. Pape Diop, jusqu’ici 8ème vice-président, l’a connu à ses dépens en se faisant éjecter de son fauteuil pour être remplacé par la députée libérale de Mbacké, Fatma Diop. Et pour arriver à cette issue, la majorité parlementaire avait préparé son coup. Hier, jour de l’ouverture de la session ordinaire de l’Assemblée nationale, Awa Guèye, 2ème vice-présidente, a très tôt signifié à Moustapha Niasse qu’une femme devrait occuper la 8ème vice-présidence au nom de la parité. «Appel au Règlement intérieur !», ont tonné les femmes de Bby après la lecture de la liste dans laquelle figurait Pape Diop, l’un des absents de la séance. «Calmez-vous, Mme la présidente, je ne vous donnerai pas la parole parce que ce n’est pas prévu par le Règlement intérieur», avertit avec fermeté Niasse à l’endroit de Awa Guèye. Qui insiste en portant des coups sur les sièges de l’Hémicycle.

Cheikh Abdou Bara Dolli à Awa Guèye : «Ferme ta gueule !»
Excédé, Cheikh Abdou Mbacké Bara Dolli se lève et décide de raisonner la 2ème vice-présidente : «Ferme de ta gueule ! De quoi tu te mêles ? Ce poste sera occupé par Pape Diop de gré ou de force. Vous n’avez pas à décider à notre place.» Le ton monte. Les échanges frisent l’invective. Aymérou Gning décide de mettre un terme au brouhaha ambiant en proposant une suspension. Elle passe comme lettre à la poste. Après plus de 2h de négociations, les positions restent inchangées. Moustapha Niasse prend les choses en main, quitte à essuyer les attaques de l’opposition. Le président de l’Assemblée nationale, sans se soucier de la vague de réprobation du groupe Liberté et démocratie, décide de rayer le nom de Pape Diop de la liste des vice-présidents. «Non M. le président», réprouve le nouveau président du groupe Liberté et démocratie, Serigne Cheikh Mbacké Bara Dolli, regard sombre et le doigt pointé vers le président Niasse.

Yaye Mané Albis (Bgg) : «Je voudrais bien être vice-présidente, mais la discipline de parti m’impose de ne pas me présenter»
Annoncée comme la 8ème vice-présidente en cas de désistement de Pape Diop, Yaye Mané Albis observe avec un calme olympien la scène. Si son nom est lancé par une députée de l’opposition, la responsable de Bokk gis gis de Kaolack retrousse les manches de son basin mauve pour prendre la parole. Pourtant, en cas de déclaration de candidature, elle avait de grosses chances d’être promue. Mais poliment, Mme Albis, le gabarit costaud, rejette : «Les femmes de Bby sont de farouches défenseurs de la parité, votre combat est salutaire. Je vous remercie. Cependant, les femmes de l’opposition ne seront pas en reste dans la défense pour le respect de la parité. Je voudrais bien être vice-présidente, mais la discipline de parti m’impose de ne pas me présenter.» C’est l’impasse. Qui va remplacer Pape Diop ? Et puis, survient la surprise. Elle s’appelle Fatma Diop, députée libérale de Mbacké, élue sur la Dépar­tementale de la Coalition ga­gnante/Wattu senegaal. «J’ai reçu une lettre de Mme Fatma Diop qui souhaite être candidate au poste de 8ème vice-présidente», signale Moustapha Niasse sous les ovations de la majorité.

Fatma Diop : «Je suis proche de Macky et du pouvoir»
Au sein de l’opposition, Cheikh Abdou Mbacké Bara Dolli, conscient que le poste est en train d’échapper à Bokk gis gis, crie à l’usurpation. Decroix n’y croit plus. Dépité, il ramasse à la va-vite ses dossiers pour quitter illico presto le spectacle sous les remontrances du député maire de Bambilor, Ndiagne Diop. Pour le vote, l’opposition décide de boycotter tout en restant dans la salle. Serigne Cheikh Mbacké Bara Dolli fait la moue, Cheikh Abdou Bara Dolli déchire les enveloppes contenant les bulletins de vote et Toussaint Manga ne manque de renverser l’urne que grâce à la vigilance des agents préposés à la sécurité du vote.
Portée au pinacle, Fatma Diop qui revendique sa «proximité» avec Macky Sall (voir ailleurs) est copieusement applaudie par la majorité. C’est par des huées que ses collègues de groupe accompagnent sa succession à Pape Diop. «Je suis proche du pouvoir et de Macky Sall. Je veux faire des réalisations à Mbacké et je ne peux les faire qu’en étant proche du pouvoir. Je serai toujours aux côtés du pouvoir pour les mener vers les populations de Mbacké», déclare la responsable du Pds. Finalement, la liste des vice-présidents s’établit comme suit : Moustapha Cissé Lô, Awa Guèye, Abdou Mbow, Aïda Sow Diawara, Abdoulaye Makhtar Diop, Ndèye Lucie Cissé, Alé Lô et Fatma Diop. Donc 8 vice-présidents pour Bby.