Assemblée générale de la Fédération sénégalaise de football

Trop, c’est trop !
Ce 2 août 2025, le monde du football retient son souffle. Le renouvellement des instances faîtières du sport-roi est le prétexte de cette effervescence, aussi compréhensible qu’elle est à la mesure des enjeux, attentes et défis.
Bien moins que les résultats obtenus par l’équipe sortante, c’est plutôt la longévité inexplicable des dirigeants à la tête de la Fédération qui interroge et agace au plus haut point.
Dans un contexte socio-sportif qui a vu émerger, depuis si longtemps, des talents émérites et raisonnablement ambitieux, de nouvelles compétences et expertises parfaitement au diapason des techniques modernes de management du sport et au fait des enjeux et de l’ingérence du sport dans la géopolitique mondiale, il devient paradoxal de laisser s’éterniser, 16 ans durant, une cohorte de gens qui n’ont plus rien à proposer pour faire face aux nouveaux défis. L’ampleur inédite prise par le renouvellement attendu du top management de notre football laisse croire à la fin de ce qui apparaissait comme une démission collective à la fois de l’Etat attributaire de cette délégation et du monde sportif, à qui appartiennent, en définitive, toutes les disciplines sportives.
Et cette démultiplication constatée des candidatures, avec des profils d’exception pour briguer la présidence de cette fédération, est surtout riche de programmes, d’idées, de propositions, de stratégies et de promesses de rupture. Toutes choses qui augurent de changements de fond en comble que nous ne pouvons que saluer.
En tant que technicien ayant servi notre pays pendant plus d’un demi-siècle, les prochaines joutes fédérales nous placent momentanément au cœur de ce grand peuple préoccupé et soucieux de voir mis en avant la compétence et le respect scrupuleux des promesses et des engagements avec des résultats probants qui rehaussent notre ego et notre fierté en Afrique et dans le monde. Dès lors, il ne s’agira pas seulement de renouvellement des hommes, mais de remise en cause des fondements, de l’implication, de la collaboration et de la synergie à développer entre la Fédération et les instances départementales, ainsi que de l’intéressement conséquent de celles-ci aux moyens importants générés par le football. Cette sécheresse de moyens dans le reste du pays s’explique par la marginalisation de la périphérie géographique et justifie l’absence, voire le déficit de détection des nombreux talents et pépites qui végètent dans les régions et départements.
La conséquence en est que pour remporter un match de haut niveau, il faut attendre tous les joueurs à notre aéroport, faute de pouvoir compter sur un seul joueur. Notre Cnos dont les dirigeants se montrent inamovibles, est incapable de nous valoir la moindre médaille depuis Amy Mbacké Thiam. Aussi, personne ne trouve logique que le Sénégal dont les fils avaient fait les beaux jours des équipes de l’empire colonial français, ait attendu 60 ans avant de remporter une coupe continentale africaine.
Le cumul de nos déceptions répétitives a minimisé notre premier triomphe continental que, du reste, nous peinons à renouveler, et qui justifie le limogeage du coach local, en l’occurrence Aliou Cissé, qui en était pourtant l’auteur émérite.
Le Sénégal ne pouvant se payer le luxe d’attendre encore aussi longtemps avant d’étrenner une nouvelle coupe, un renouvellement des instances et des acteurs ainsi que la limitation légalisée et codée des mandats à deux me semblent être des précautions à prendre pour éviter l’enlisement et l’accaparement de notre football par des coteries et clans d’amis qui se la coulent douce avec ses moyens, sans respect de leurs obligations de redevabilité et de reddition des comptes. Trop, c’est trop, est-on tenté de dire haut et fort. Voilà pourquoi le renouvellement tant attendu du braintrust fédéral sonne comme un cri du cœur du monde sportif, avec des espoirs à la mesure de la ferveur qui alimente, tous azimuts, cette actualité qui aurait moins d’acuité si des gens qui se comportent en dinosaures n’avaient pas choisi de rempiler encore comme pour se rendre indispensables par un mandat éternel à la tête de notre commun patrimoine fédéral.
Après ces assises, notre plus grand souhait est, néanmoins, de voir tous les acteurs et protagonistes tourner la page de leurs rivalités passagères pour faire un consensus autour d’un objectif majeur : placer le Sénégal au sommet du premier cercle du football mondial et de ses décideurs.
Djibril FALL
Professeur d’éducation physique et des sports Ancien Conseiller technique du Conseil régional de Thiès Tivaouane