Le Premier ministre du Sénégal a menacé le député, Abdou Karim Sall, à l’Assemblée nationale. Ousmane Sonko a dit à l’attention de M. Sall : «L’Apr et tous ceux qui sont avec vous doivent se sentir menacés. Vous êtes trop libres.» Non sans assurer que d’autres rapports d’audit vont sortir et que «le dossier ne va pas passer par pertes et profits». Thierno Alassane Sall en a pris aussi pour son grade. Sa faute ? Avoir rappelé à Sonko sa promesse de supprimer les «fonds politiques qui ne sont pas halal». Par Malick GAYE –

 «L’Apr et tous ceux qui sont avec vous doivent se sentir menacés. Vous êtes trop libres.» Ousmane Sonko n’y est pas allé par quatre chemins. Le Premier ministre, devant la Représentation nationale et les médias, a proféré des menaces contre les membres de l’ancien régime. Sonko a réagi à une interpellation du député Abdou Karim Sall. «Tu parles au nom du Peuple. Toi ! Tu dois des réponses au Peuple. Tu étais le ministre qui a signé le contrat de 45 milliards Cfa sur l’armement. Tu n’as pas encore apporté de réponse. Je ne parlerai pas des autres dossiers. Vous n’êtes pas crédibles pour défendre le Peuple. Vous avez plongé le pays dans le gouffre qu’il se trouve. Vous ne vous êtes jamais préoccupés du Peuple. Vous vous êtes enrichis. C’est pourquoi beaucoup d’entre vous ne sont pas venus aujourd’hui. Après ils vont dans les médias pour parler. Tout le monde peut parler sauf vous», a dit Ousmane Sonko. Qui, visiblement, ne supporte pas qu’un représentant du Peuple parle au nom de celui-ci. «Vous devriez raser les murs. C’est l’Assemblée qui t’a permis d’être écouté (…) Allez-vous reposer. Vous avez enfoncé ce pays et les comptes seront faits. Cette manière de faire de la politique est révolue. Ne pensez pas qu’on va passer ce dossier par pertes et profits. Cela n’a pas encore commencé. Vous avez fait des crimes extrêmement graves. Vous êtes tous responsables (…) Vous êtes des reliques», a déclaré l’homme fort du pays depuis 11 mois.

Toujours sur les interpellations de Abdou Karim Sall, Ousmane Sonko a dit ceci : «Tu as dit que 6 soldats sont morts récemment en Casamance. Ce n’est pas vrai. Tu ne dis pas la vérité. Aucun soldat n’est mort en Casamance.»

C’est le même ton qu’il a employé pour reformuler la pensée de Al Aminou Lô sur la Rts qui avait évoqué une possible «baisse des gros salaires de la Fonction publique». Ainsi, d’après le chef du gouvernement, le système de rémunération de la Fonction publique a commencé à être «déstructuré depuis 2000. On accorde des avantages sans logique. Ce qui a brisé tous les équilibres. On ne peut pas continuer dans cette frénésie. Un Etat doit avoir un système de rémunération qui répond à un certain nombre de critères. Mais cela n’existe plus au Sénégal».

Sonko s’en prend à TAS
Par ailleurs, Thierno Alassane Sall (TAS) a reçu sa dose de rappel de la part du Premier ministre.  Qui a reproché à TAS de lui avoir rappelé sa promesse sur les fonds politiques qui ne «sont pas halal». Pour Sonko, TAS a «joui pendant des années du régime de Macky Sall sans le dénoncer». «Il y a beaucoup d’amalgames dans ce que le député Thierno Alassane Sall a déclaré.
Je n’ose pas verser ça dans la mauvaise foi. A un certain niveau, il faut prendre le temps d’écouter ce que j’ai dit et non pas de se laisser emballer par les commentaires et commérages.

Je n’ai jamais dit que tel fonds était haram», a affirmé Ousmane Sonko. «J’ai toujours dit que dans un pays, avoir des fonds qui sont laissés à la discrétion du président de la République (…), c’est inadmissible. Par contre, il y a les fonds secrets qui permettent de régler des situations qu’on ne peut pas afficher publiquement et font l’objet d’un encadrement. J’en avais même fait des propositions.

C’est la vision de Pastef et cela sera matérialisé. Nous respectons toujours nos engagements», a ajouté Ousmane Sonko. Qui s’est donné un malin plaisir à tirer sur l’ancien régime. «Nous, au moins, avons proposé. Vous ne l’avez jamais fait. Ça veut dire que vous avez largement joui des fonds du régime de Macky Sall pendant des années sans avoir jamais dénoncé. Vous ne pouvez pas donner des leçons», a-t-il déclaré.
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