Farba Ngom pourrait être livré à la Justice à la suite de la levée de son immunité parlementaire. Après l’installation de la commission ad hoc, suite à une demande introduite par le ministère de la Justice sur saisine du Parquet du Pool judiciaire financier. Mais l’Apr, qui redoute un règlement de comptes politiques, appelle à une « résistance » organisée pour contrer ce qu’elle perçoit comme une « dérive dictatoriale ».Par Ousmane SOW –
L’idée d’une justice à deux vitesses pourrait envelopper ce premier dossier de la reddition des comptes enclenché par le Parquet du pool judiciaire financier ? Et l’immunité parlementaire du député Mouhamadou Ngom dit Farba, va être levée ou non dans quelques heures ? Les députés sont convoqués en plénière ce vendredi à partir de 11 heures pour examiner un projet de constitution d’une commission ad hoc avant la convocation d’une plénière pour valider la levée de l’immunité parlementaire du député Farba Ngom de l’Alliance pour la République (Apr). Elle pourrait être actée avec la majorité dont dispose le nouveau régime à l’Assemblée nationale. Et cette demande formulée par le ministre de la Justice sur saisine du Pjf, a été perçue comme une déclaration de guerre par l’Apr. Ainsi, le Secrétariat exécutif national du parti n’a pas tardé à réagir. Dans un communiqué, l’Apr s’est indigné contre la procédure engagée par l’Assemblée nationale pour lever l’immunité parlementaire de Farba Ngom et appelle à la résistance. La seule voie de salut qui s’offre à toutes les forces citoyennes, républicaines et démocratiques, est la Résistance. La seule perspective qui s’impose, demeure l’unité politique et organisée de toutes les forces regroupées dans Alliance pour la transparence des élections (Atel) et dont la Coalition Takku Wallu Sénégal qui s’est remarquablement démarquée de «l’opération de mise à mort du député Farba Ngom, est la digne représentante à l’Assemblée nationale», a lancé le Sen de l’Apr. Avant de poursuivre : « S’opposer au pouvoir et se mobiliser dans une sincère unité, pour le vaincre, telles sont les conditions garantes d’un Sénégal de paix et en paix, résolument engagé sur la voie de la satisfaction des préoccupations de nos compatriotes ! ». Pour l’Apr, cette procédure, initiée à la demande du ministre de la Justice, est bien plus qu’une simple affaire judiciaire. « Si la démarche, en elle-même, ne pose aucun problème de droit et ne soulève aucune objection de notre part, grande est notre inquiétude et celle de nos compatriotes, quant aux motivations profondes d’une telle décision. En s’attaquant aussi brutalement au député de la Coalition Takku Wallu Sénégal et membre éminent de l’Alliance pour la république (Apr), le pouvoir confirme sa nature dictatoriale et témoigne de la totale mainmise du Premier ministre sur toutes les institutions de la République », lit-t-on dans le document. Alors, la manœuvre serait, selon eux, une réponse à la défaite subie par Ousmane Sonko lors des législatives anticipées à Agnam, où l’actuel Premier ministre aurait promis que Farba Ngom ne participera plus jamais à une élection au Sénégal. « Tous nos compatriotes se souviennent des violents propos débités par Ousmane Sonko lors de la campagne pour les législatives anticipées, à Agnam. Après avoir offensé notre camarade Farba Ngom, Ousmane Sonko avait solennellement déclaré que jamais plus ce dernier (Farba) ne participera à une élection au Sénégal! Cette grossière et burlesque attaque ayant été sanctionnée par une humiliante défaite, Ousmane Sonko engage la bataille de la revanche dont la finalité n’est rien d’autre, qu’un emprisonnement de Farba Ngom », souligne le communiqué, précisant que la célérité avec laquelle l’Assemblée nationale a réagi à la requête du Ministre de la Justice, « jette le trouble et un voile de suspicion sur les objectifs réels de la manœuvre politique ».
«Règlement de comptes politique»
L’activation de cette procédure judiciaire est un acharnement politique dirigé contre Farba Ngom, estime le Sen de l’Apr qui redoute un règlement de comptes politiques. « Le levier actionné par le pouvoir constitue sans doute aucun, une parfaite illustration des intentions malsaines, politiciennes, ciblées et revanchardes du pouvoir. Il s’agit donc d’un acharnement clair et sans équivoque, suivant les injonctions et la volonté autocratique de Ousmane Sonko qui avait imposé, en toute illégalité, la non présence de Farba Ngom dans le Bureau de l’Assemblée nationale. C’est cette trajectoire de liquidation politique du député Farba Ngom voulue et impulsée par Ousmane Sonko qui est en cours! C’est cette agression indigne que nous dénonçons», précise le Sen de l’Apr. Par ailleurs, face à l’épreuve, le parti de Macky Sall exprime son soutien total et sa solidarité à l’honorable député Farba Ngom, qu’il décrit comme « un modèle d’engagement, de loyauté et de fidélité». « Nous refusons que pour faire plaisir à un Premier ministre du nom de Ousmane Sonko, que soient piétinées les normes de l’Etat de droit et que soient ensevelis les valeurs et principes de la République ! Notre parti, fidèle à son identité Républicaine, est totalement en faveur de la reddition des comptes à la condition que celle-ci ne se transforme en son contraire : le règlement de comptes! », ont-t-ils fait savoir. Toutefois, dans la déclaration, l’Apr dénonce également une tentative de diversion dans un contexte socio-économique tendu marqué par la hausse généralisée des prix, la colère des jakartamen, des chauffeurs de taxis et marchands ambulants. « Le pouvoir engage sa fuite en avant. Il tente d’allumer des contre-feux pour calmer les ardeurs et mobilisations citoyennes et populaires. Il persiste néanmoins, dans sa volonté de mener jusqu’au bout, la chasse aux sorcières, la traque de tous les hommes et toutes les femmes qui ont géré des responsabilités dans l’ancien pouvoir. Il veut briser toutes les oppositions, tous les hommes d’affaires et autres opérateurs économiques qui ont réussi! Sous le manteau fallacieux de la récupération des deniers publics volés, le pouvoir mène une inquisition qui vise à débusquer, exclure ou affaiblir tous les cadres et travailleurs estampillés « pro-Macky », dénonce le Sen de l’Apr.
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