Les fonds communs ont été l’objet de débat hier à l’Assemblé national où les députés ont demandé au ministre de l’Economie, des finances et du plan, Amadou Ba, de revoir ce type d’indemnisation.
Les fonds communs sont sources de problèmes au niveau des ministères, particulièrement au département de l’Economie, des finances et du plan. Ce fait a été dénoncé hier par les députés. «Les fonds communs posent problème. L’élite gagne beaucoup plus que les autres, techniciens, les ingénieurs…», déplore Mamadou Lamine Diallo. «C’est vrai que les traitements ne peuvent pas être égaux, mais il est temps que le ministère de l’Economie, des finances et du plan cesse d’être ce refuge qui va raréfier la ressource des Sénégalais. Les intellectuels, les cadres de valeur, tout le monde se la rue vers ce ministère. Ce qui n’est pas bon pour l’Etat, parce qu’on a besoin de développer la dette, mais également les autres ministères», embraye Cheikh Bamba Dièye.
Le député Ousmane Sonko ne dit pas le contraire. Pour lui, ce type de rémunération pose problème par rapport à la transparence. Pis, souligne-t-il, le modèle expose les agents et crée une tension au sein du ministère où tout le monde veut aller, compte tenu des avantages. L’ex-inspecteur des impôts et domaines précise ne pas être contre une bonne rémunération des agents de ce département qui, estime-t-il, travaillent beaucoup. Mais juge-t-il que le moment est venu de réformer totalement, ce type d’avantage «qui n’existe même plus là où on l’avait copié et qui crée énormément de tension et de suspicion». Au-delà, poursuit-il, «cela pose le problème de la sincérité du budget». «Il faut qu’on aille vers un mode de recrutement sur concours. On ne peut plus continuer à recruter, parce que tel est le neveu de tel ministre et prendre des gens qui souvent n’ont aucune qualification», a suggéré le député non inscrit.
Le Mefp adhère à l’idée d’engager des réformes
Face à ces interpellations, le ministre de l’Economie, des finances et du plan répond ouvertement : «Nous avons des difficultés avec les fonds communs qui posent problème par rapport aux autres agents des autres départements ministériels, notamment le ministère du Commerce, entre autres. Parce qu’effectivement un agent du ministère des Finances n’est pas plus méritant qu’un médecin.» Pourtant, explique Amadou Ba, «le fonds commun ne relève pas techniquement de la masse salariale. Les fonds communs ne sont pas payés sur les crédits budgétaires mais à partir des produits et des amendes de la pénalité. Il faut que l’agent aille travailler, il faut que l’Etat récupère son dû et la sanction découlant du fait de l’inobservation de ces manquements, c’est une partie de ces produits que se partagent les agents du ministère de l’Economie et des finances». Malgré tout, le ministre Ba adhère à l’idée d’engager des réformes pour résoudre ce problème. L’argentier de l’Etat sénégalais estime qu’il est temps de poser cette question sur la table et de revoir de fond en comble la politique de rémunération au niveau du département qu’il dirige. «L’Etat ne pourra pas supporter tout, comme il faut éviter de tirer les agents vers le bas, car le système pourrait se désarticuler et créer des problèmes», soutient-il. Avant d’informer par ailleurs, qu’il y a une réflexion «qui n’est pas simple» à assumer, afin de trouver une solution à la question lancinante de rémunération au niveau de l’Administration au sens large». A l’en croire, tous les agents de l’Etat méritent d’être soutenus, appuyés et d’avoir une rémunération à la hauteur de la mission confiée… «On est dans un cercle vicieux qu’il faut rompre», a dit le ministre disposé à poursuivre cette discussion.
ksonko@lequotidien.sn