Le Premier ministre, Amadou Ba, et le ministre de l’Intérieur, Antoine Diome, répondant à l’interpellation du député de Yewwi, Guy Marius Sagna, ont soutenu qu’il n’y a pas de nouvelle doctrine sur le maintien de l’ordre au Sénégal. Les deux autorités, répondant hier aux questions d’actualité du gouvernement, ont fait état de nouveaux types de manifestations et de manifestants qui incitent l’Etat à s’adapter, dans le cadre de la mise en œuvre de sa politique, à cette nouvelle réalité. Par Ousmane SOW –
Les débats ont été houleux, les échanges parfois musclés. Hier, à l’Assemblée nationale, le passage du gouvernement devant les députés pour répondre aux questions d’actualité posées par les parlementaires de la 14ème Législature, n’a pas été un long fleuve tranquille pour le Premier ministre Amadou Ba et son équipe.
Mais les députés de la Coalition Yewwi askan wi ont exprimé leur désaccord sur la question du maintien de l’ordre. Guy Marius Sagna, Birame Soulèye Diop et leurs collègues députés, qui ont dénoncé l’arrestation des militants du parti Pastef, les tortures, se demandent s’il n’y a pas une nouvelle doctrine de maintien de l’ordre au Sénégal.
A l’issue des débats, le Premier ministre a pris la parole pour répondre aux interpellations respectives des députés. Mais le sujet qui fâche reste le maintien de l’ordre. Pour le ministre Amadou Ba, il n’y a pas de doctrine de maintien de l’ordre, et le Sénégal est un pays organisé avec une Administration impersonnelle. «Oui Birame Soulèye, tu es mon frère et j’ai beaucoup d’affection pour toi. En termes de maintien de l’ordre, je félicite les Forces de défense et de sécurité. Si elles n’avaient pas de professionnalisme, de sang-froid, on aurait vu pire, comme cela se passe dans d’autres pays. Maintenant, nous sommes un pays de Droit, organisé, avec des institutions, des responsabilités à assumer et une Justice», a-t-il fait valoir. «Nous sommes un pays de Droit et notre temps, ce n’est pas le temps de la Justice», s’est-il expliqué.
Le Premier ministre a aussi déploré le fait que les limites soient dépassées avec la destruction des biens, les appels à la haine.
Dans le même sillage que Amadou Ba, le ministre de l’Intérieur, Antoine Félix Diome, a aussi répondu à Guy Marius Sagna, qui crie au mensonge d’Etat et demande aussi pourquoi cette doctrine de maintien de l’ordre et l’arrestation systématique des militants du parti Pastef. «La doctrine du maintien de l’ordre n’a pas changé. Ce qui a changé, c’est la façon, la teneur des manifestations, ce sont les discours de violence, l’instrumentalisation des jeunes, ceux qui s’attaquent aux institutions et aux responsables. Voilà ce qui a changé. Mais le Peuple sénégalais est un peuple mûr, un et indivisible», a-t-il répondu. Avant de poursuivre : «Nous sommes dans un régime de droit et de devoir. Et la sécurité sera assurée partout où cela est nécessaire.»
A l’occasion, 14 questions étaient inscrites à l’ordre du jour et réparties par séance avec les différents groupes parlementaires. Ces questions touchent divers secteurs, allant de l’économie au processus électoral, en passant par le commerce, l’emploi, le pétrole et le gaz, l’eau, la santé, les libertés publiques, les collectivités territoriales, le secteur stratégique de la pêche…
Auparavant, le président de l’Assemblée nationale, Amadou Mame Diop, à l’entame de son propos, avait précisé qu’en accueillant cette séance plénière, il s’agissait d’une part d’encourager le dialogue républicain et démocratique autour des valeurs et d’autre part, contrôler l’action du gouvernement, évaluer les politiques publiques.
Pour Amadou Mame Diop, représenter le Peuple, c’est partager ses inquiétudes, ses questionnements, mais aussi porter ses espoirs. Et devant les députés, Amadou Ba a rappelé que l’Hémicycle doit être un lieu de démocratie, de partage. «Nous sommes toutes et tous face à un énorme défi de conscience et de responsabilité. Aucun de nous n’est la pour lui même. Tout ce que nous faisons aujourd’hui, sera fait par d’autres demain. Nous sommes ici pour les Sénégalais. Donc, nous devons nous élever dans notre intérêt commun. Pour fortifier davantage nos institutions, nous avons plus que jamais besoin d’un dialogue véritablement démocratique qui soit à la fois positif, constructif et responsable, et qui se déroule dans la bienveillance et le respect», a déclaré le Premier ministre, juste avant la séance des questions orales.
Bouderie des députés de l’opposition
Il faut retenir qu’avec la présence des militants du parti au pouvoir, qui étaient sur les gradins et scandaient «Macky Président», les députés de l’opposition avaient boudé la plénière avant de regagner leurs places.