Plusieurs dizaines de personnes vont prendre part aux Assises sur la Justice qui s’ouvrent ce mardi à Diamniadio et dont le Pr Babacar Guèye est choisi comme facilitateur des travaux. Après une première liste controversée, le ministère de la Justice a rétropédalé en annonçant une autre. En 2018, un travail similaire avait été déjà effectué, même si les conclusions n’ont pas été appliquées.

Par Dieynaba KANE – Les Assises de la Justice vont s’ouvrir ce mardi. Pour cette grand-messe consacrée aux discussions sur la modernisation et la réforme de la Justice, le Président Bassirou Diomaye Faye a désigné le professeur Babacar Guèye comme facilitateur. Les initiateurs de cet événement, qui ont voulu adopter une démarche inclusive, ont établi une longue liste de divers participants. Toutefois, sur cette liste où l’on retrouve presque toutes les organisations politiques, de la Société civile, du secteur professionnel, d’anciens ministres de la Justice, des professeurs de Droit, il est remarqué l’absence des procureurs généraux des cours d’appel, des chefs de juridiction et autres chefs de Parquet d’instance. Cette absence inquiète d’autant plus que «ce sont eux qui sont confrontés aux réalités de tous les jours».

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Pendant que ces derniers ne sont pas conviés à ces assises, sur la liste, on retrouve d’anciens détenus comme «Cheikh Tidiane Gaye, Pape Abdoulaye Touré, Cheikh Bara Ndiaye, Maty Sarr Niang, Ndèye Fatou Fall (Falla Fleur), Outhmane Diagne, Clédor Sène», entre autres. Le cas de ce dernier, condamné pour le meurtre de l’ancien vice-président du Conseil constitutionnel Me Babacar Sèye, avant d’être gracié, incommode certains.

Une liste de «base de travail» et des polémiques
Face à la polémique qui fait rage, le ministère de la Justice a rétropédalé en publiant un communiqué pour apporter des précisions sur la liste polémique. Pour Ousmane Diagne, la liste en question «était juste une base de travail». «Depuis hier, nous assistons à la publication et au partage d’une liste de participants invités au Dialogue national sur la Justice. Nous tenons à informer l’opinion que cette liste n’émane pas des services du ministère de la Justice, et est loin d’être exhaustive», précise la note.
«La liste définitive sera disponible sous peu», promet le ministère de la Justice, qui présente «toutes ses excuses pour les désagréments causés».

Concertations de 2018
Il faut savoir que l’Etat avait organisé des concertations sur la réforme de la Justice. La plupart des personnalités invitées pour le prochain raout s’étaient penchées sur ces questions ou faisaient partie du comité de concertation, comme d’anciens ministres de la Justice, d’universitaires ou de bâtonniers ou d’organisations de la Société civile, avec des recommandations très pointues : fonctionnement du Conseil supérieur de la Magistrature et du Parquet, carrières des magistrats, indépendance de la Justice, carte judiciaire. En vérité, le diagnostic a été fait, il reste l’application des remèdes.

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Vendredi dernier, dans un entretien accordé à l’Agence de presse sénégalaise, le ministre de la Justice faisait savoir que ces assises ont été convoquées pour «une amélioration du service public de la Justice, une Justice rendue au nom du Peuple sénégalais et que cette Justice puisse répondre à ses objectifs premiers, c’est-à-dire procéder quelque part à une réconciliation de cette Justice avec les populations, qui doivent en être les principales bénéficiaires». Poursuivant ses propos, Ousmane Diagne avait souligné que les objectifs assignés à ces assises «consistent seulement à faire le diagnostic, que tous ces dysfonctionnements supposés ou réels puissent être identifiés et les moyens d’y remédier puissent être envisagés au mieux des intérêts de la République».

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S’agissant toujours de ces assises prévues ce 28 mai, M. Diagne informe qu’il s’agira d’un débat ouvert «des populations, des professionnels de la Justice, de tous les segments de la société». Et de ce point de vue, avait-il déclaré, «il est normal que l’on puisse d’abord identifier les maux et permettre à tout le monde de donner son avis». Parce que, faisait-il valoir, «la Justice n’est pas uniquement l’affaire des magistrats et des professionnels de la Justice, dès lors que cette Justice est rendue au nom du Peuple sénégalais».
dkane@lequotidien.sn