Le gouvernement doit les chiffres de la croissance au secteur privé, d’après Mahammed Boun Abdallah Dionne. Le Premier ministre qui présidait hier l’ouverture des assises de l’entreprise du Conseil national du patronat (Cnp) s’est livré à une véritable opération de séduction du secteur privé national. Il a en outre annoncé le vote de la loi sur la réforme fiscale et de la patente cette année.

Mahammed Boun Abdallah Dion­ne qui présidait hier les Assises de l’entreprise du Conseil national du patronat (Cnp) s’est livré à une véritable déclaration d’amour à l’endroit du secteur privé national. Entre une enveloppe de 80 milliards qui seront investis d’ici 2020 par le gouvernement sur la formation et l’insertion professionnelle et la réforme fiscale et de la patente qui sera votée cette année, le Premier ministre n’a pas manqué d’arguments pour cajoler le secteur privé national. «Vous (le secteur privé) êtes notre force de frappe. Vous êtes les joueurs sur le terrain, la croissance c’est vous et le chef de l’Etat est l’entraîneur. Si l’on parle de croissance retrouvée, nous vous la devons», a-t-il dit. Seulement, le secteur privé doit jouer un rôle beaucoup plus déterminant. «Les Etats sont avant tout soucieux du développement économique, c’est-à-dire davantage d’investissements productifs, de plus de croissance économique et d’amélioration des conditions de vie des populations», rappelle-t-il au secteur privé qui s’interroge sur les conséquences de l’adhésion du Maroc à la Cedeao. Le président du Conseil national du patronat (Cnp), Baïdy Agne, s’est demandé : «Sont-ils prêts à abroger leurs dispositions constitutionnelles, juridiques et judiciaires, législatives et réglementaires, contraires à notre droit communautaire ? Sont-ils disposés à accepter et rendre exécutoires les décisions de la Cour de justice de la Cedeao ?»
Mais pour le Premier ministre, «la bataille pour le développement dans notre espace national et régional ne saurait se concevoir sans la construction d’une stabilité politique et d’une paix sociale durable, reposant sur une pratique démocratique du pouvoir. La région ouest africaine est attractive. Elle dispose d’un fort potentiel économique et suscite de nouvelles demandes de coopération et d’adhésion». Néanmoins, rassure-t-il, les chefs d’Etat veulent connaître les impacts de l’adhésion du Ma­roc. «Les études de la Cedeao nous indiqueront les orientations à prendre en privilégiant les intérêts du secteur privé. Cependant, il est important que ce secteur privé régional étaye ses préoccupations. Il faut que vous vous organisiez pour prendre part aux réunions techniques. Nous devons avoir une position commune parce que ce n’est pas une affaire politique.» En filigrane, le Premier ministre invite le patronat à prendre part aux négociations pour sauvegarder ses intérêts. A en croire M. Dionne, c’est un préalable, car «la Zone de libre-échange continentale (Zelec) est en chantier. Il y a des choix à faire et une vigilance à renforcer. La voie c’est la Zelec, mais à quel prix ? Les entreprises doivent mutualiser leurs capacités techniques et financières pour l’émergence de grandes multinationales régionales. C’est ainsi que notre secteur privé pourra tirer de meilleurs profits de la régionalisation et de la mondialisation».
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