Les 17es Assises internationales du journalisme se sont ouvertes lundi soir à Tours, dans le Centre-Ouest de la France. Durant trois jours, des tables rondes, des débats se sont tenus sur l’état du journalisme et les attentes de l’opinion, en cette année olympique avec la tenue des Jo à Paris entre juillet et août 2024, un volet particulier propice au journalisme de sport.

Quel rapport entretient l’opinion avec le traitement de l’information sportive ? Que «consomment» les téléspectateurs, auditeurs et lecteurs de journaux en matière de sport ? La question est vaste et peut se décliner sous différents angles.

Pour tenter d’y répondre, l’institut Viavoice a mené une enquête auprès de la population française. Ses résultats serviront d’appui aux débats des Assises du journalisme de Tours. Premier enseignement, le sport, tel qu’il est traité et couvert par les médias, jouit d’une bonne crédibilité : 78% des personnes interrogées par Viavoice affirment avoir «confiance» dans l’information sportive qui leur est servie. Le sport arrive ainsi en tête de ce «facteur de confiance», juste devant la culture. Les questions liées aux enjeux internationaux, à titre de comparaison, arrivent loin derrière, avec seulement 54% des sondés qui font confiance au travail des médias en la matière. Quant à tout ce qui a trait à la «vie politique», plus d’un sondé sur deux déclare ne pas faire confiance à l’information délivrée.

Si le sport a bonne presse, c’est à la fois parce que ceux qui le consomment dans les médias attendent quelque chose de précis, à savoir pour 75% d’entre eux, «des résultats de matchs et de compétitions» et «des comptes rendus», mais aussi parce que la matière sportive est perçue comme un «divertissement» ou un «sujet de conversation populaire». Une façon, en somme, de tisser un lien social. Etre en mesure, à la machine à café, de parler du dernier match du Psg ou des exploits de la gymnaste Simone Biles.

Le sport se consomme avant tout à la télévision (73%), plus que sur Internet (49%) ou à la radio (41%). Quant à la presse écrite, elle reste certes devant les réseaux sociaux (29%), mais un tiers seulement des sondés vont y chercher de l’actu sportive (34%). L’enquête de Viavoice met aussi en évidence un différentiel hommes/femmes. Autrement dit, le rapport à l’actualité sportive reste encore «genré» : deux hommes sur trois disent s’y intéresser «régulièrement», contre un tiers des femmes seulement. Ce rapport se retrouve également dans le contenu de ce que consomme l’opinion. L’actualité sportive «masculine» est suivie «régulièrement» par 42% des sondés, contre seulement 30% pour le sport «féminin».

Dans la même logique, même si des progrès ont été enregistrés ces dernières années, l’actualité sportive est traitée avant tout par des journalistes hommes. Un déséquilibre qui interroge : 75% des sondés aimeraient voir davantage de journalistes femmes sur la thématique sport.

Les sports favoris des Français
Le foot est plébiscité : 43% des personnes interrogées assurent le suivre «quasiment tous les jours».

Derrière ? Le rugby, dans la foulée de la Coupe du monde que la France a accueillie à l’automne, résiste bien (15%). On trouve ensuite le tennis (7%), puis le cyclisme, la Formule 1, le basket, qui s’accrochent tous à 5% de la consommation d’actualité sportive.

Dans cette enquête, on remarque que le e-sport et les Arts martiaux mixtes (Mma) peuvent faire le buzz sur les réseaux sociaux, mais qu’ils arrivent en bas du classement (1%) quand on demande aux Français quels sont les sports qu’ils suivent prioritairement. Intéressant encore, la question du parti pris des journalistes sportifs dans leurs commentaires. D’un côté, 76% des sondés estiment que les journalistes de sport doivent être «neutres» et «ne pas afficher leurs préférences».

Mais de l’autre, quand on demande aux Français ce qu’ils attendent des journalistes lorsqu’une équipe ou un athlète représente la France, ils sont 45% à vouloir que ces mêmes journalistes «supportent et montrent leur préférence». Tout cela nous amène aux Jeux Olympiques et Paralympiques de l’été prochain à Paris. Les Français, pour l’instant, regardent l’événement de loin. Dans l’étude réalisée par Viavoice début mars, seuls 37% d’entre eux disent attendre ces Jo avec «impatience».
Rfi