Compétentes, elles le sont ! Mais au regard des postes qu’elles occupent dans les rédactions, les femmes ne sont pas bien représentées. Un constat fait hier lors des 49èmes Assises internationales de la presse francophone, qui se tiennent au Maroc. Désormais, elles comptent récupérer leur place !

C’est un fait qu’il faut rappeler pour le dénoncer : la place des femmes dans les médias n’est pas reluisante. Géné­rale­ment cantonnées aux chiens écrasés, elles n’accèdent que très rarement aux postes à responsabilité. Une situation disséquée à la deuxième journée des tables rondes des 49èmes Assises de la presse fran­co­phone. Martine Simonis, Secrétaire générale de l’Association des journalistes professionnels de la Belgique, Anne-Cécile Robert, directrice des relations internationales à Le Monde diplomatique de la France, et Myriam Ezzakhraji, journaliste, fondatrice de Médiadam Presse du Maroc, ont retourné le problème sous tous les angles pour trouver un début de solution sous le thème : «La place des femmes dans la hiérarchie professionnelle et de l’influence éditoriale des femmes dans les médias.» «Le sexisme est présent, banalisé et il y a une difficulté à réagir car il y a beaucoup de silence. En Belgique, on peut dire que le milieu est toxique, violent et non accueillant pour les femmes.» Pour Martine Simonis qui vient de boucler 30 ans à défendre les intérêts des journalistes, ce ne sont pas les seules causes qui freinent l’ascension des femmes dans les médias. «Les rédactions en Belgique sont composées de 35% de femmes alors que dans le reste de l’Europe la parité est atteinte. Pourquoi elles s’insèrent moins ? Il a été constaté qu’elles quittent les rédactions au bout de 3 ans. Sur ce chiffre, 40% n’ont pas d’enfant contre 54% chez les hommes alors qu’elles sont plus diplômées. Il y a une sous-représentation dans les postes à responsabilité. Elles écrient généralement sur les sujets sociaux. Elles sont très peu à écrire en politique, en économie ou en sport. Elles sont généralement du people», a-t-elle expliqué. En plus, a-t-elle fait remarquer, l’écart salarial entre homme et femme est de 16%. Pour elle, c’est un ensemble de faits qui freinent la femme dans les rédactions. Moins dans le constat, Anne Cécile Robert a expliqué que pour faire avancer les lignes, il faut que les femmes aient l’occasion de valoriser leurs ta­lents. «En 1990, un événement malheureux a déclenché un fait. La première guerre du Golfe a été une chance. C’était la  période des vacances et il n’y avait que les femmes dans les rédactions en France. C’est comme cela qu’elles ont commencé à couvrir les guerres. Elles ont démontré leurs talents. Sans ce fait, l’assignation au genre aurait continué», a-t-elle affirmé. Pour la toute nouvelle présidente de l’Union de la presse  francophone, si l’occasion se présentait, à défaut de la provoquer, il faut savoir la saisir. «Au Monde Diplomatique, j’étais la seule femme dans le directoire composé de 5 personnes. Il a fallu que j’aille postuler pour devenir directrice des relations internationales. La rédaction est un lieu de pouvoir. Je suis à l’écoute maintenant pour déviriliser le pouvoir», a-t-elle expliqué.
Si les deux premières citées ont donné l’exemple de leurs pays respectifs, Myriam Ez­zakhraji a préféré parler de manière générale. «Il faut braver les interdits pour écrire l’histoire. Le sport en est un exemple. Il faut oser. Et les médias doivent jouer leur rôle. Pourquoi ne pas dresser un plan Marchal pour avoir plus de place. L’Equipe de football du Maroc s’est préparée en 5 ans. Il faut de la confiance pour prendre sa place», a-t-elle plaidé. Pour y arriver, Martine Simonis a estimé que «quand on reçoit de l’aide publique, il faut exiger une égalité des salaires».
Par Malick GAYE (Envoyé spécial au Maroc)
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