L’agriculture sénégalaise, malgré la volonté des autorités étatiques de la rendre plus productrice et plus moderne, reste largement dépendante des conditions climatiques. En atteste le taux de l’assurance agricole indicielle situé à 30%, selon une étude réalisée par des chercheurs de l’université Gaston Berger de Saint-Louis en 2017. Alors que 65% de la population active sont dépendants du secteur agricole au Sénégal. L’assurance agricole permet de réduire au maximum les conséquences auxquelles sont exposés les producteurs en cas de sinistres. Pour permettre à ce mécanisme de passer à une échelle supérieure, Mame Mor Anta Syll est ses camarades chercheurs ont lancé hier une étude d’évaluation de l’impact de l’assurance agricole indicielle sur le niveau de vie des agriculteurs à l’horizon 2022. Cette étude consistera à comparer les niveaux de vie et la production des agriculteurs qui prendront l’assurance agricole et ceux qui ne le prendront pas. Il s’agira aussi d’identifier les obstacles d’accès à l’assurance agricole.
Auparavant, une étude exploratoire a été menée par les mêmes acteurs dans le bassin arachidier, notamment dans les communes de Sibassor, région de Kaolack, et de Foundiougne, région de Fatick. Les chercheurs ont proposé l’assurance agricole sur différentes modalités aux producteurs affiliés aux agences agricoles locales et bénéficiaires de crédits agricoles et les ont comparées. «Nous avons essayé de voir selon les modalités quel a été le taux de souscription, quels sont les obstacles», a expliqué M. Syll. A l’en croire, la pertinence de l’étude exploratoire, qui a duré dix mois: (de janvier 2017 à la fin de la campagne agricole en octobre de la même année), a motivé le lancement de la 2e phase qui consistera à évaluer l’impact de l’indice agricole sur la vie des producteurs d’ici 2022.
A Travers cette étude, les techniciens cherchent des mécanismes pour motiver plus de producteurs à souscrire à ce produit. Ils mettront pour ce faire, l’accent sur la sensibilisation qui est  «le nerf de la guerre». Il s’agira de faire connaitre le produit aux agriculteurs et de les convaincre sur les avantages, mais aussi de leur faciliter les conditions d’accès. «L’Ugb vient apporter sa pierre à l’édifice, notamment en les accompagnant d’ici 2022, grâce à un financement de International initiative of impact evaluation (3ie) pour voir à terme l’impact de toutes ces actions sur le niveau de vie et le taux de souscription des producteurs sénégalais», indique M. Syll.
Pour lui, les agriculteurs ont besoin d’une meilleure compréhension du nouveau produit, ce d’autant plus que l’assurance ne bénéficie pas d’une bonne perception au Sénégal. La condition selon laquelle il faut payer la prime d’assurance avant la campagne pour pouvoir s’assurer dans un pays où les petits producteurs agricoles manquent souvent de moyens financiers a été identifiée comme contrainte. «D’où les facilités faites par les agences de crédit en leur permettant de considérer l’assurance comme un intrant agricole pour lequel la prime ne sera déboursée qu’à la fin de la campagne agricole», explique M. Syll.
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