Assurant ne pas s’accrocher au pouvoir : Les putschistes maliens annoncent des élections générales
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Soutenant qu’ils ne tiennent pas au pouvoir mais à la stabilité du pays, les militaires qui ont chassé le régime de Ibrahim Boubacar Keïta, ont annoncé hier la création du Comité national pour le salut du Peuple (Cnsp). Et aussi la continuité de l’Etat et des services publics ainsi que l’organisation d’élections dans des délais raisonnables.
Après avoir arrêté le président de la République du Mali et l’avoir forcé à la démission, mardi dans la soirée, les putschistes ont annoncé hier dans une déclaration à la télévision nationale malienne, la création d’un Comité national pour le salut du Peuple (Cnsp). Dans son allocution mise en ligne sur rfi.fr, le porte-parole des militaires a d’emblée fait savoir que les «forces patriotiques regroupées au sein du Comité national pour le salut du peuple (Cnsp)» ont décidé de prendre leurs «responsabilités devant le Peuple et devant l’Histoire». Selon le colonel-major, Ismaël Wagué, chef d’état-major adjoint de l’armée de l’air, afin d’éviter au pays de sombrer, il a été décidé «d’assurer la continuité de l’Etat et des services publics». Ainsi a-t-il souligné : «cette lourde responsabilité ne s’accomplira pleinement qu’avec l’ensemble des forces vives de la Nation». Assurant qu’ils ne tiennent pas «au pouvoir» mais «à la stabilité du pays», colonel Wagué a annoncé l’organisation «dans les délais raisonnables consentis, des élections générales pour permettre au Mali de se doter d’institutions fortes capables de gérer au mieux notre quotidien et restaurer la confiance entre les gouvernants et les gouvernés».
En outre, les putschistes informent que «toutes les frontières terrestres et aériennes sont fermées jusqu’à nouvel ordre» et «un couvre-feu est instauré de 21h à 5 heures du matin jusqu’à nouvel ordre». Toutefois, ils précisent que «la continuité du service public sera assuré par ceux qui en ont le droit au regard des textes en vigueur».
Le Président déchu Ibrahim Boubacar Keïta en annonçant sa démission mardi a dit : «Je ne veux pas que du sang soit versé pour me maintenir au pouvoir.» Depuis plusieurs mois à travers des manifestations son départ du pouvoir était réclamé. La médiation de la Cedeao n’avait pas permis de décanter la situation. Les chefs d’Etat de l’organisation sous régionale vont se réunir aujourd’hui pour tenter de ramener le calme dans l’Armée mais également de dénouer la crise politique qui opposait déjà le Président IBK et le mouvement M5 dirigé par l’imam Dicko. Hier, la commission de la Cedeao avait dans un communiqué condamné avec «la plus grande fermeté, le renversement par des militaires putschistes du gouvernement démocratiquement élu». En déniant «catégoriquement toute forme de légitimité aux putschistes», la Cedeao «exige le rétablissement immédiat de l’ordre constitutionnel».
Par ailleurs, l’organisation avait annoncé la suspension du Mali de tous les organes de décision de la Cedeao «avec effet immédiat jusqu’au rétablissement effectif de l’ordre constitutionnel». De même, elle a décidé de fermer «toutes les frontières terrestres et aériennes ainsi que l’arrêt de tous les transactions économiques, commerciales et financières entre les pays membres de la Cedeao et le Mali».