Le ministère de la Microfinance et de l’économie sociale et solidaire est en conclave, depuis hier à la Somone, pour un séminaire de partage du «Projet pour un Sénégal souverain, juste et prospère dans une Afrique en progrès».Par Alioune Badara CISS –

Selon le ministre Alioune Dione, qui présidait la cérémonie d’ouverture de cette rencontre, l’objectif est d’avoir une même compréhension. «Comme vous le savez, en matière de planification, si les orientations sont claires et les aspects qui en émanent sont bien déclinés, il va être très facile de pouvoir réaliser ces orientations. C’est la raison pour laquelle nous avons pensé inviter toutes les parties prenantes du département, et particulièrement ceux qui sont chargés du suivi-évaluation et de la planification, pour ensemble réfléchir et voir comment mettre en œuvre ces nouveaux paradigmes», a déclaré le ministre de la Microfinance et de l’économie sociale et solidaire. Dessinant les contours du projet, Alioune Dione a relevé trois volets d’orientation majeurs, entre autres, qui concernent le secteur de la microfinance et de l’économie sociale et solidaire. «La souveraineté économique, le développement endogène, l’unité nationale et les solidarités. Pour ces trois orientations, nous avons décidé de tenir cet atelier pour voir comment, à partir de ces orientations majeures du projet, le département compte mettre en œuvre au plan institutionnel d’abord, mais également au plan technique et sur toute la chaîne de l’offre de services publics dans le secteur de la microfinance et de l’économie sociale et solidaire.»

Ainsi, au terme de ce séminaire de partage, le ministre souhaite d’abord une compréhension commune. «Qu’il n’y ait plus d’équivoques et que tous sachent qu’ensemble, nous avons un objectif à atteindre, et que chacun, en ce qui le concerne, dans son sous-secteur, puisse savoir ce qui l’attend conformément aux principes et valeurs déclinés par le président de la République, que sont les valeurs d’honneur, de disponibilité, mais surtout les valeurs qui vont dans le sens de la bonne gouvernance, à savoir l’imputabilité et la reddition des comptes.»

Une microfinance au service de l’économie sociale et solidaire
Interpellé sur les urgences dans le secteur de la microfinance, Alioune Dione dresse une longue liste. «C’est de rationaliser les ressources, d’harmoniser les interventions et de les articuler sur les orientations que nous avons déjà déclinées à l’entame. Faire de telle sorte que l’impact de la microfinance puisse se faire sentir au niveau des usagers, c’est-à-dire la population cible de manière générale. Mais surtout, faire en sorte que la microfinance ne soit pas désarticulée de l’économie sociale et solidaire. Qu’on puisse avoir une microfinance au service de l’économie sociale et solidaire, et une économie sociale et solidaire qui puisse être une niche de création d’emplois, c’est ça la nouvelle démarche.» «On avait de manière plus ou moins disparate, une intervention de la microfinance à part et une intervention de l’économie sociale et solidaire. Et même à ce niveau, l’économie sociale et solidaire n’était pas en fait appréhendée comme étant un segment qui puisse être en tout cas parmi les plus importants à pouvoir créer le maximum d’emplois pour la matrice», précise-t-il.

Le Projet comme référentiel de politique publique
Le ministre de la Microfinance et de l’économie sociale et solidaire a rectifié ceux qui font la critique du Projet. Selon lui, «en toute humilité, ils ne savent pas ce que c’est un référentiel de politique publique. En matière de planification, il y a plusieurs niveaux. Le premier, c’est le niveau vision, qui peut avoir une connotation idéologique d’abord. On ne peut pas, à priori, avoir toutes les dimensions de mise en œuvre dans un document. C’est ça qu’ils n’avaient pas compris. Mais un bon programme doit pouvoir donner les orientations, lesquelles orientations doivent être articulées de manière cohérente, et de ce point de vue, on voit que jusque-là, osons le dire, le Sénégal n’avait pas de modèle économique en réalité». Pour montrer que le Projet existe, il précise : «notre modèle économique, c’est quoi ? La substitution aux importations, et cette substitution aux importations invite à ce qu’on appelle un développement endogène. Si vous voulez remplacer tout ce qu’on importait par une création au niveau de la base à travers l’agriculture, la pêche, l’artisanat, que tous ces biens de grande consommation puissent être fabriqués de manière locale, c’est le développement souverainiste, et c’est ça en fait la vision du Projet», renseigne le ministre. «Ça, on ne l’avait pas auparavant au Sénégal. Je crois qu’avec toute l’honnêteté qui sied, il faut admettre que c’est la première fois qu’on a une vision qui se base essentiellement sur le développement à la base d’une part et, d’autre part, sur une approche souverainiste. Jusque-là, on n’avait pas de référentiel qui se basait sur les réalités de nos territoires, et comme vous le voyez à travers les orientations, le développement des territoires est une approche qui part de la base, une sorte de bottom-up, pour aller vers le macro. Autrement dit, on oriente en planification par le sommet et on cible par la base, ça n’existait pas avant l’avènement de ce régime. Moi, en tant qu’expert en planification, je peux vous assurer qu’il n’y a pas jusque-là de document aussi pertinent que le Projet dont nous disposons», se réjouit Alioune Dione.