Pendant une semaine, neuf professionnels sénégalais ont suivi une formation en photographie documentaire. L’atelier, abrité par l’Institut supérieur des arts et métiers du numérique (Sup Imax), est financé par la Délégation Wallonie-Bruxelles.

Installés en demi-cercle, les 9 apprenants de la formation gardent leurs regards fixés sur un écran ou défilent des photos. Elles ont été prises au cours d’une sortie que le groupe a effectuée au marché aux poissons de Soumbedioune. Une à une, les photos sont passées au crible par les deux formateurs, Gael Turine et Massimo Berruti. «Hier, nous avons amené les 9 participants à la plage de Soumbedoune et à côté, au cimetière ou certaines tombes commencent à être abimées par l’océan. Ce sont des choses assez visuelles. Donc, nous avons amené nos étudiants pour leur apprendre à cadrer, composer, oser aller près des gens. La session d’aujourd’hui, c’était de passer en revue toutes ces photos et faire des sélections. Par exemple, Demba a apporté plus de 700 photos. Il faut forcément réduire et on a fait une première sélection et une deuxième pour arriver à un lot de 12 photos que l’on peut considérer comme bien construites, cadrées, bonne lumière et qui nous racontent quelque chose sur les différents endroits où on a été hier», explique le formateur Gael Turine. Cet atelier est le premier d’une série de deux, financé par Wallonie-Bruxelles international en faveur des photographes sénégalais. «Cet atelier s’adresse à un groupe de photographes qui ont le souhait d’améliorer leurs compétences et leurs capacités en termes de reportage, de photographie documentaire», ajoute M. Turine. Activités de prise de vue et de sélection de photos, activités théoriques où l’on explique ce que sont la narration journalistique, la construction d’une séquence, les notions de cadrage et de composition ont rythmé la semaine.
Pape Demba Guèye est un photographe à l’Agence de presse sénégalaise (Aps). Les outils qu’il a acquis durant cette formation ont quelque peu chamboulé sa vision des choses. «J’utilisais beaucoup le zoom dans mes photos parce que je suivais plutôt le sport. Ici, on m’a incité à aller au plus près des gens», raconte-t-il. Au bout d’une semaine de formation, il s’estime suffisamment armé pour raconter des histoires et produire des séries. Ce sentiment de satisfaction est aussi partagé par Mélanie Sadio Goudiaby, conseillère à la Délégation Wallonie-Bruxelles. «Chacun d’entre nous prend des photos, mais il y a des détails et des astuces qui nous sont donnés et qui ont fait qu’on se rend compte de la petite chose qui manquait à nos photos, parce que c’est un atelier de photographie documentaire», se réjouit-elle.

Photographie documentaire
Cet atelier entre dans le cadre de la coopération bilatérale entre le Sénégal et la Délégation Wallonie-Bruxelles, explique Mme Goudiaby. Avec un financement de près de 20 mille euros, soit près de 13 millions de francs Cfa, l’atelier est axé autour de la photographie documentaire. Selon M. Turine, elle sert à documenter la vie. «Ce qu’on va essayer de faire, c’est d’amener nos participants à distinguer une jolie photo d’une bonne photo. La jolie photo, elle est facile à faire. Le Sénégal regorge de couleurs et de vie. Mais ce n’est pas pour autant que le contenu est nécessairement bien transposé visuellement. Donc la bonne photo, c’est la combinaison de cette dimension esthétique, les couleurs et les lumières et ce qui fait qu’une attitude, un geste, un regard, une combinaison de différentes choses fait que la photo nous montre ou nous documente sur quelque chose», explique M. Turine.
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