A côté des projections de film, le Clap Ivoire c’est aussi des ateliers, des tables rondes et conférences-débats. Hier, les participants ont pu visiter les locaux de Côte Ouest, l’une des plus grandes structures de distribution de films en Afrique, et suivre la conférence animée par le directeur sur l’adéquation entre les productions cinématographiques et les goûts du public.

En Afrique, bon nombre sont les pays qui éprouvent du mal à écouler leurs produits audiovisuels sur le marché africains. Dans la plupart des pays du continent, les télénovelas se sont imposées, ravissant la place au cinéma local qui est plutôt réservé à une élite. Comment donc réconcilier les productions cinématographiques au goût du public ? C’est l’épineuse question à laquelle le directeur de la structure de distribution Côte Ouest, Bernard Azria, s’est évertué à répondre au cours d’une conférence qu’il a animée face aux jeunes réalisateurs qui participent au Clap Ivoire. «La question mérite d’être posée, mais la réponse est évidente. Qui ose faire un film qui ne plaît pas au public ?» Pour faire un film, M. Azria a expliqué à l’assistance qu’il convient d’identifier d’abord sa cible et surtout connaître ses habitudes, car «les cibles sont comme des canards mouvants. Les programmes qu’elles consomment dépendent de paramètres. Cela change en fonction des moments de la journée, de l’environnement, des circonstances de consommation».
Cela dit, le directeur de Côte Ouest a préconisé aux jeunes cinéastes de faire des produits universels. Ce sera en tout cas leur seule carte pour être «commerciable», a-t-il dit. «Ce qui est important c’est d’inventer un univers, un concept qui puisse être décliné, un programme qui puisse voyager dans le temps et dans l’espace. Si vous faites un court métrage ou une œuvre quelconque, un court, long ou série, uniquement ivoiro-ivoirienne, réfléchissez davantage. Honnêtement, cela n’intéresse qu’un nombre limité de personnes. C’est de la production de proximité», a expliqué M. Azria. Il ajoute : «Comme je dis à mes enfants, visez la lune au moins vous attraperez une étoile ou deux. Visez la lune, visez quelque chose qui puisse se vendre à l’étranger», donnant l’exemple d’un de ses amis, auteur d’une série nommée Viva-riva qui a été projeté dans presque 18 pays dans le monde. «Quand je lui ai demandé comment il a fait, il a répondu : ‘’c’est parce que c’est un film policier… Il ne faut pas faire forcément des histoires africano-africaines. Il faut faire dans l’universelle’’», a-t-il dit. M. Azria insiste encore : «Les problématiques ivoiro-ivoiriennes n’intéressent pas l’étranger, sauf quand elles sont universelles.» «Nous sommes des vendeurs de l’émotion. Essayez de vendre l’émotion qui parle au monde entier», a-t-il conclu.