Les ressortissants maliens et mauritaniens, Erhil Adebe, Moustapha El Béchir et El Atigh Ahmad Mouhoud, poursuivis pour complicité d’actes terroristes, association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste et financement du terrorisme en bande organisée, ont été jugés hier par la Chambre criminelle spéciale de Dakar. Pour ces faits, le Parquet a demandé de les condamner à la prison à perpétuité. La décision sera rendue le 28 avril prochain.

On se souvient encore des actes de terrorisme posés à Ouagadou, au Burkina Faso, le 15 janvier 2016 à l’Hôtel Resplendide de Ougadougou et au café restaurant Capuchino et à Grand Bassam en Côte d’Ivoire le 13 mars de la même année. Pour ces actes peu orthodoxes qui ont fait pas moins de 49 morts dont un ressortissant américain, les soupçons pesaient sur Mimi Ould Baba Hamza, Abdoul Rahman et Ibrahima Oul Moha­med comme les principaux instigateurs. D’ailleurs selon certaines indiscrétions, c’est Ibrahima Ould Mohamed qui a cité Mini Ould Baba comme celui qui a apporté la logistique utilisée pour commettre ces crimes. Ce que ce dernier n’a pas nié lors de son interpellation. En fait, il avait même déclaré avoir fait des repérages pour faciliter le déroulement de l’attentat dans cet hôtel.
Le père de cet activiste, dit-on, était le maire d’une ville au Mali. Il s’activait dans le trafic de drogue et c’est lui qui faisait office de négociateur entre les jihadistes et l’Etat malien. Cet homme, qui faisait aussi partie des terroristes échangés dans ce pays avec les djihadistes, serait utilisé pour faire voyager ces activistes moyennant la somme de 11 millions de francs.
Mais c’est grâce à la solidarité entre les pays que le Mali a signlé au Sénégal la présence de ces terroristes sur son territoire. D’après les informations fournies par le Mali, Hamza Ben Mouhamed, qui se trouvait à l’époque au Mali, aurait émis des appels sur des numéros sénégalais. Vérification faite, l’Etat du Sénégal a découvert qu’il était souvent en communication avec les nommés Erhil Adébé, Moustapha El Béchir et El Atigh Ahmad Mouhoud. C’est lors  de ces investigations que le Sénégal a su que Hamza Ben Mouhamed a eu à séjourner au pays de la Téranga pendant trois .jours et qu’il a été hébergé par El Atigh Ahmad Mouhoud, qui a non seulement payé son logement mais aussi son billet retour au Mali. Entre-temps, ces terroristes se sont déplacés en Gambie et à Kaolack.
Arrêtés, les mis en cause ont été placés sous mandat de dépôt en 2016, avant de comparaître hier devant la Chambre criminelle spéciale  de Dakar pour complicité d’actes de terrorisme, association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste et financement du terrorisme en bande organisée. Ils encourent la perpétuité.
Devant la barre, Erhil Adébé s’est inscrit en faux contre les accusations portées à son encontre. Il a même laissé entendre ne pas connaître la signification du mot terrorisme. Et c’est une fois en prison  qu’il a entendu parler de ces attaques terroristes. «J’ai eu des échos des attentats qui se sont passés en Irak, en Syrie, mais je n’ai participé ni de près ni de loin à ces attentats», a-t-il déclaré. Avant de poursuivre : «Je n’ai rien fait de ce qu’on m’accuse.»
Son co-accusé, Moustapha El Béchir, n’est pas aussi passé par quatre chemins pour se disculper. A l’en croire, il serait venu au Sénégal pour une affaire de vente de terrain qui devait se faire en Mauritanie. Il devait rencontrer un notaire à Dakar pour cette opération. Mais ces déclarations contrastent avec les révélations de l’enquête. Car il a été découvert que le numéro de téléphone en sa possession appartenait à Hamza Ben Mouhamed. Pour se donner bonne conscience, l’accusé tente de convaincre la chambre avec son âge. «J’ai entre 47 et 48 ans aujourd’hui. Je vais dans des hôtels où je rencontre  des personnes de  mon âge. J’ai logé à la Résidence Mamou­ne», a-t-il déclaré. Mais il reconnaît avoir connu Hamza et Mimi Ould Baba. Il prétend ignorer qu’ils sont impliqués dans les attentats de Ouagadougou et de Grand Bassam en Côte d’Ivoire. A son tour, il dit ignorer la signification du mot jihadisme.
El Atigh Ahmad Mouhoud, qui se dit commerçant s’activant dans l’importation et la vente de voitures, ne veut pas aussi endosser ses responsabilités. «Je résidais à l’hôtel Ndiambour. Je connais Bachir depuis 1992. Je ne connais pas Sidy Mohamed, ni Mimi Ould Baba, ni les autres. Je ne connais que Cheikh que les autres appellent Hamza», finit-il par avouer sans s’en rendre compte. A l’en croire, Yahya lui devait la somme de 500 mille francs et non 2 millions 500 mille francs. Et c’est avec l’argent que Yahya lui a  rendu qu’il a payé le séjour de Hamza et son billet retour au Mali. Toutefois, il persiste et signe qu’il n’a jamais commis d’actes terroristes.
Mais de l’avis du ministère public, les faits ne souffrent d’aucune contestation. Après avoir demandé de relaxer les accusés du chef d’association de malfaiteurs, il a demandé de les déclarer coupables des faits de financement de terrorisme et actes de terrorisme et de les condamner à la prison à perpétuité. Quant à l’avocat de la défense, il a sollicité une application bienveillante de la loi à l’endroit des accusés. Ils seront fixés sur leur sort le 29 avril prochain.