Les organisations de défense des droits de l’Homme font face à des persécutions, des tentatives d’intimidation, d’emprisonnement de leurs membres. C’est pour mettre fin à ces pratiques qu’Amnesty international (Ai) a lancé une pétition pour rappeler aux gouvernements l’engagement pris par les Etats il y a 20 ans de protéger les défenseurs des droits humains.

Les attaques des autorités politiques contre les organisations des défenses de droits humains inquiètent Amnesty international (Ai). Dans une pétition visant à appeler les gouvernements à «reconnaître l’importance des défenseurs des droits humains et à les protéger», Amnesty international renseigne que «certains gouvernements et multinationales tentent en effet de réduire au silence les défenseurs des droits humains en les faisant passer pour des criminels, des terroristes ou des ‘’agents de l’étranger’’». D’après cette organisation, «les défenseurs des droits humains sont enfermés pour s’être exprimés, beaucoup sont menacés, agressés voire assassinés en nombre». Les auteurs du document qui estiment que «trop c’est trop» soutiennent qu’il est temps d’agir de «manière à ce que nos gouvernements ne puissent pas nous ignorer». Rap­pelant qu’il y a « 20 ans, des gouvernements du monde entier ont signé une déclaration dont l’objectif était de protéger les défenseurs des droits humains», Amnesty International veut profiter de la réunion des gouvernements aux Nations unies qui va se tenir au mois de décembre prochain sur le sujet pour leur «montrer que le monde observe l’issue de cette réunion» et demander «une véritable protection, et pas seulement de beaux discours». Il s’agira aussi, selon Ai, de faire «cesser les attaques, les campagnes de dénigrement et la stigmatisation de celles et ceux qui se battent pour que soient respectés les droits humains de chacun dans le monde».
Cet appel d’Amnesty international intervient quelques jours après les critiques sévères du Président Macky Sall à l’endroit des représentants de ladite organisation au Sénégal. Sur le plateau de France 24, le Président Sall avait déclaré qu’«Amnesty international gagnerait d’abord à revoir le statut de ses représentants chez nous». Le chef de l’Etat accuse ces derniers d’être de connivence avec l’opposition. Le Président Sall est allé jusqu’à dire qu’ils sont «politisés». «Lorsque les représentants de ces organisations marchent avec l’opposition, vont voter lorsqu’il s’agit d’un référendum dans le camp de l’opposition et contre le pourvoir, leurs avis n’ont aucun intérêt à mes yeux», avait-il attaqué. Selon lui, «celui qui peut marcher avec l’opposition», ne peut pas lui «donner son avis». Autre fait qui menace l’existence des organisations des droits humains au Sénégal, c’est le retrait de l’agrément de Lead Africa par le ministre de l’Inté­rieur.

Déclaration commune de la Coseddh et du Roaddh/Wahrdn
Accusée d’ingérence et de financer le mouvement Y’en a marre, l’Ong Lead Africa a reçu la notification lui signifiant la cessation immédiate de ses activités au Sénégal vendredi dernier. Une attitude qui est en train d’être dénoncée par les organisations de la Société civile. Dans une déclaration commune, 12 d’entre elles ont fustigé «des tentatives répétées depuis un certain temps de l’autorité publique de réduire l’espace public d’expression des citoyens et des organisations de la Société civile par des menaces et actes d’intimidation (…)». Qualifiant l’acte du ministre de l’Intérieur de «persécutions injustes», elles ont demandé l’annulation de cet arrêté.
Dans une déclaration publiée hier, La Coalition sénégalaise des défenseurs des droits de l’Homme (Coseddh) et le Réseau ouest-africain des défenseurs des droits humains (Roaddh/Wahrdn) ont tenu à attirer l’attention de la Communauté internationale sur les mesures de réduction de l’espace civique et d’intimidation des organisations de la Société civile prises par le gouvernement du Sénégal. In fine, La coalition et le réseau demandent en outre aux autorités gouvernementales sénégalaises de veiller à mettre fin aux déclarations hostiles à la Société civile et de respecter les lignes directrices sur la liberté d’association et de réunion en Afrique.
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