Il avait reconnu avoir déposé dans le centre-ville l’engin explosif qu’il avait lui-même confectionné, blessant quatorze personnes.

D’après une source du Parquet de Paris, le suspect de l’attentat au colis piégé qui a fait une dizaine de blessés à Lyon vendredi dernier a été mis en examen par le juge d’instruction pour tentative d’assassinat en relation avec une entreprise terroriste, association de malfaiteurs terroriste criminelle, fabrication, détention et transport d’explosifs en relation avec une entreprise terroriste. Il a été placé en détention provisoire, conformément aux réquisitions du Parquet de Paris.
Le suspect avait dans un premier temps choisi de ne pas s’expliquer sur les faits qui lui étaient reprochés. Après moins de trois jours de garde à vue et face aux nombreux éléments rassemblés par les enquêteurs, Mohamed Hichem M., un Algérien de 24 ans, a fait des premiers aveux. Il a ainsi reconnu «avoir déposé» le colis piégé qu’il avait «préalablement confectionné» devant la boulangerie située rue Victor-Hugo, dans le centre de Lyon, dont l’explosion a fait quatorze blessés légers vendredi 24 mai, a indiqué Rémy Heitz. Le suspect a également indiqué aux enquêteurs avoir prêté allégeance «en son for intérieur» au groupe Etat islamique (Ei), sans qu’aucun lien avec le groupe terroriste ne soit établi pour l’instant.
Le Parquet va demander son placement en détention provisoire. Les gardes à vue de ses parents et de son frère ont été levées jeudi «en l’absence d’éléments les mettant en cause à ce stade», peut-on encore lire dans le communiqué du procureur.

Intérêt pour les thèses djihadistes
L’enquête a notamment pu déterminer que l’Adn retrouvé sur trois scellés saisis sur les lieux de l’explosion correspondait au profil génétique de Mohamed Hichem M. Par ailleurs, lors de la perquisition au domicile familial, les enquêteurs ont retrouvé des éléments qui peuvent rentrer dans la composition du Tatp, l’explosif qui aurait été utilisé pour le colis piégé : bouteilles d’eau oxygénée, d’acide chlorhydrique et d’ammoniaque, sac kraft contenant des piles, kit de survie, fil électrique, etc.
Les motivations du suspect restent difficiles à saisir, malgré ses premiers aveux. L’exploi­tation du matériel informatique saisi au cours des perquisitions a toutefois mis en évidence des recherches sur internet «révélant un intérêt pour les thèses djihadistes et l’activité de l’Ei», ainsi que des recherches relatives à la fabrication d’engins explosifs.
Après l’attentat, les enquêteurs ont pu suivre son itinéraire effectué à vélo grâce au croisement de la vidéosurveillance des communes de Lyon et d’Oullins. L’exploitation de ses données téléphoniques et des achats effectués sur internet a également permis de remonter jusqu’à lui.
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