Jusqu’au 4 juin 2024, 450 personnes constituées de magistrats, d’avocats, d’universitaires, d’experts ainsi que d’anciens détenus, vont faire un diagnostic de la Justice afin d’amorcer des réformes et la rupture.

Dans les couloirs du Centre de conférences Abdou Diouf, le Sénégal s’est retrouvé pour la quatrième édition du Dialogue national dont le thème cette année porte sur la «Réforme et la modernisation de la Justice». Le pouvoir judiciaire, qui a été malmené ces dernières années, repasse à nouveau sur le billard. Et les travaux entamés hier vont «faire ressortir les fragilités» et «dégager des pistes de réformes et de modernisation» du système judiciaire sénégalais. Facilitateur de ces Assises de la justice, Pr Babacar Guèye campe le décor : «Les enjeux et les défis qui attendent sont énormes. Il s’agira d’ouvrir un dialogue avec toutes les composantes de la société afin d’examiner en profondeur le fonctionnement de notre système judiciaire et d’en faire ressortir les fragilités et dégager des pistes de réformes et de modernisation.» Il poursuit : «Ces assises seront l’occasion d’avoir un dialogue approfondi sur les questions essentielles telles que le statut des magistrats, l’organisation du Conseil supérieur de la Magistrature, la dématérialisation des services publics de la Justice.»

Aujourd’hui, les acteurs de la réflexion, qui vont restituer leurs travaux le 4 septembre, vont se pencher sur des thématiques comme la Justice et le numérique, le temps du pénal, le régime de la sanction pénale, le cadre juridique et institutionnel de l’Admi­nistration pénitentiaire, les conditions de détention et de la préparation à la réinsertion sociale des détenus. Autant de points qui créent des discussions passionnées dans ce pays et laissent entrevoir des réformes qui suscitent l’adhésion de certaines personnalités. «Je suis heureux de constater qu’il y a une mobilisation générale autour de ces thèmes, avec véritablement des questions qui nécessitent des réponses appropriées après une analyse approfondie de tous les segments de la vie nationale. On est aujourd’hui en train de revisiter les fondements de la Justice pour mieux l’améliorer», note l’ancien président de la Cena, Doudou Ndir. Il rappelle que «la vocation de la Justice est de faire en sorte qu’il y ait un équilibre social, que la société vive dans des conditions de sérénité, de calme et que la paix règne. Il faut que les Sénégalais se retrouvent dans cette Justice qui est vraiment le ciment de notre vivre-ensemble».

Directeur exécutif d’Amnesty Sénégal, Seydi Gassama espère des réformes porteuses de rupture. «Nous saluons cette initiative et fondons beaucoup d’espoir. Les tenants actuels du pouvoir ont beaucoup souffert de l’instrumentalisation de la Justice et ils appellent à la rupture. Nous pensons que les réformes vont constituer une grande rupture. Pendant ces dernières années, la Justice a été au-devant de l’actualité. Elle a été critiquée et dénigrée à cause des nombreux procès politiques, avec notamment les affaires Khalifa Sall, ancien maire de Dakar, Karim Wade, ancien ministre et fils de l’ancien Président Abdoulaye Wade, et Ous­mane Sonko et d’autres. Cela veut dire que de par la loi, le chef de l’Etat et le ministre de la Justice ont la haute main sur la Justice. C’est pour cela que nous demandons à ce que le président de la République puisse quitter le Conseil supérieur de la Magistrature pour redonner confiance aux citoyens et renforcer leur foi en la Justice», note-t-il.

En tout cas, vendredi, on aura la restitution des conclusions de ces Assises de la Justice constituées de deux grandes commissions : la Réforme de la Justice et la Modernisation de la Justice.