Baccalauréat ou Bfem Covid, dévalué, assisté, social, spécial, donné, «aumônisé»… que sais-je encore ? Les termes font florès au sortir des examens de cette année.
Il semble que les scores enregistrés aux différents examens du Bac (48.23%) et du Bfem (74%) semblent déranger plus d’un. Aussi bien chez certains enseignants que parents ou tout simplement pour les «experts» de l’éducation, l’exceptionnalité des résultats de cette année reste assistée depuis le choix des épreuves jusqu’à la correction.
Ce qui semble relever de l’exceptionnalité -dans un contexte Covid- nous remet à l’endroit et au purisme docimologique. En effet, l’évaluation est, depuis belle lurette, mise à rude épreuve dans le système éducatif sénégalais. La culture de l’échec reste érigée en règle d’or pour les correcteurs que nous sommes. Et les évaluations ne sont bienséantes que si le seuil de moins de 30% obtenu.

N’est-il pas nécessaire de rechercher les causes de ces
résultats acceptables ?
En effet, certains indicateurs peuvent nous permettre d’accorder de bonnes présomptions à cette réussite et de s’interroger sur les variables de pilotage du système éducatif sénégalais. Avant d’arriver à ces considérations, il me paraît important de rappeler quelques facteurs historiques qui ont toujours présidé le cataclysme auquel nous étions habitués.
Primo, la configuration ou le découpage du calendrier scolaire constituait une véritable difficulté aussi bien pour les enseignants que les apprenants. La charge de travail et la longueur des semestres ne permettent pas de préparer correctement les apprenants à leur assimilation.
Secundo, le concept «ubbi tay jang tay» qui -pour moi- relève plutôt d’un slogan désuet ignore les réalités intrinsèques des localités et promeut une école à deux vitesses avec d’une part une frange citadine appuyée par les communes et d’autre part une majorité rurale exposée aux affres des crues, des hautes herbes, des reptiles…Qui plus est dans ces écoles, les apprenants constituent une forte valeur ajoutée dans la famille pour ne pas dire la seule source de production pour faire face à ces trop longues périodes de soudure, avec leur corolaire la reprise tardive liée aux travaux champêtres.
Tertio, le talon d’Achille du système qui favorise les échecs en masse connus les années précédentes relève essentiellement d’une gestion inopérante des ressources humaines (enseignants et apprenants) et des conditions logistiques souvent non satisfaisantes. En effet, la pléthore des effectifs dans les salles de classe et les plans de mobilité des enseignants non maîtrisés créent un déséquilibre dans la carte scolaire et une sous-utilisation des ressources humaines dans les grandes agglomérations. Aussi, faut-il noter que les conditions ergonomiques dans les espaces d’apprentissage sont loin des standards arrêtés pour une qualité de l’éducation dans la perspective de 2030.
Cependant, force est de constater que ces éléments sus-évoqués, qui restent d’actualité, n’ont pas empêché d’obtenir les résultats que nous connaissons aussi bien dans le cycle moyen que secondaire. Moult facteurs peuvent nous édifier sur les critères d’efficacité expérimentés par la tutelle. D’abord, l’éclatement des effectifs a permis une bonne tenue de la classe et l’amenuisement des facteurs de distraction liés au nombre d’apprenants ; ensuite la réduction des horaires de travail et la révision de l’heure de rentrée (à partir de 9h) réduisent les facteurs de stress de tous ordres, enfin le temps de repos -aussi bien pour les enseignants que pour les apprenants- semble leur donner une seconde jeunesse et une motivation supplémentaire.
En définitive, si nous nous attelons à faire le bilan des examens on se rendra compte, effectivement, que beaucoup de facteurs restent à capitaliser pour pérenniser notre efficacité en faisant une évaluation à 360° avec tous les acteurs du système éducatif sans exclusive. Les néo-pratiques entreprises par la tutelle ne doivent être étouffées par des positionnements syndicaux puérils ou par des réticences au changement mais plutôt fédérer les énergies pour le bien de nos apprenants qui restent la centralité de toute notre action éducative.
Tous parents, tous enseignants pour une école sénégalaise performante durablement !
El hadji SAMB
Chercheur en Education
Formateur au Cfpc-De Lafosse
sambelhadji@yahoo.fr