La deuxième édition du meeting Femmes africaines en communication Tic et télévision (Fact) s’est achevée à Dakar. Placée sous le thème «Médias, femmes et sécurité à l’ère du numérique», la rencontre qui a réuni des professionnelles du secteur audiovisuel a permis de poser sur la table certaines contraintes qui font qu’aujourd’hui encore les femmes peinent à s’imposer dans le milieu.

Veiller à ce que les femmes soient plus présentes dans l’audiovisuel : C’est le souhait des féministes. Mais pour y arriver, il y a un plafond de verre à briser. C’est en tout cas l’avis de certaines intervenantes lors de la deuxième édition du meeting des Femmes africaines en communication Tic et télévision (Fact). Abordant cette question, la productrice québécoise Monique Simard estime qu’il faut s’assurer que les points de vue des femmes se reflètent dans les médias et qu’il y ait autant de femmes que d’hommes dans l’audiovisuel. Lors de sa présentation, elle a fait savoir qu’il faut «s’attaquer à la discrimination systémique». Donnant l’exemple du cinéma, Mme Simard soutient qu’il faut s’assurer que «dans les propositions il y ait suffisamment de femmes». Ren­forcer la présence des femmes dans les médias, c’est aussi dans ce domaine qu’évolue la journaliste de France 24 Virginie Herz. L’animatrice de l’émission ActuElles reconnaît que «les droits des femmes ne sont pas acquis». D’après Mme Herz, avec la crise du coronavirus, ce sont les femmes qui apparaissent moins dans les médias. A l’en croire, «les femmes chercheures n’ont pas publié», contrairement aux hommes. Poursuivant son analyse, elle relève qu’elles ne sont pas assez présentes dans les médias en tant qu’expertes. Et Virginie d’expliquer : «Souvent ce qui se passe quand on les appelle, elles hésitent à venir. Ce que les hommes ne font pas. Il y a aussi le fait qu’elles s’occupent de beaucoup de choses à la fois (charge familiale).» Soulignant toutefois que les lignes sont en train de bouger dans le secteur audiovisuel, la journaliste de France 24 renseigne que «les femmes sont en train d’arriver dans les postes de décision dans le cinéma et les médias». Maintenant, indique-t-elle, «on veille à ce que ça ne soit pas seulement des films réalisés par des hommes. Avec des femmes aux instances de décisions, elles veilleront à ce qu’il y ait plus de films réalisés par des femmes». Au-delà de la volonté, de la détermination et de «l’ambition féminine», Virginie Herz estime qu’il faut aussi «des partenaires qui acceptent les ambitions féminines». Intervenant sur le sujet, la directrice Afrique de l’Ouest d’Article 19 déclare qu’il y a des préjugés sur les sujets qu’on devrait confier aux femmes. Selon Fatou Jagne Senghor, dans la division des rôles dans les médias, on ne verra pas les femmes au front comme reporter de guerre. Et Mme Senghor d’ajouter : «Il y a ce préjugé que la femme doit être ménagée. Elle-même ne se prépare pas ou la société ne la prépare pas à jouer ce rôle.» Pour la directrice d’Article 19, il faut réfléchir sur les difficultés et travailler sur la solidarité entre les femmes.