Le président de la République va fouiller la gestion des inondations par le biais de l’Inspection générale d’Etat. Macky Sall, qui a annoncé cette décision mercredi dernier en Conseil des ministres, ne semble pas satisfait de la mise en œuvre du Programme décennal de gestion des inondations 2012-2022, prévu pour un coût de près de 767 milliards de francs Cfa. Par Souleymane THIAM – 

L’Inspection générale d’Etat (Ige) va auditer le Programme décennal de gestion des inondations (Pdgi). Le Quotidien a appris, de sources proches du dossier, que le Président Macky Sall a annoncé cette décision la semaine dernière en Conseil des ministres. Il s’agit d’une décision forte prise par le chef de l’Etat au vu de la persistance des inondations. Dans ce contexte de mise en œuvre du plan Orsec, il s’agira de voir comment les milliards prévus ont été dépensés depuis l’exécution du Pdgi.
Le gouvernement de Macky Sall a dès son installation en 2012, initié une politique de gestion des risques d’inondations visant à préserver les vies humaines, à réduire les incidences négatives aux plans économique et environnemental. Ainsi, Programme décennal de gestion des inondations (Pdgi) fut mis sur pied pour la période 2012-2022. Prévu initialement pour un montant de 766 milliards 988 millions 450 mille 362 FCfa, le Pdgi est articulé autour de quatre volets essentiels : l’amélioration de la connaissance des zones d’inondations, le relogement des populations sinistrées, la planification, l’aménagement des villes et un important aspect relatif au renforcement de la résilience des villes qui consiste entre autres, à réaliser des ouvrages de drainage d’eaux pluviales.
Près de 10 ans après, les inondations constituent une grosse épine dans le pied du gouvernement. La banlieue dakaroise et de nombreuses régions du Sénégal ne sentent pas l’efficacité de ce programme. Certaines populations continuent de cohabiter avec les eaux polluantes et réclament des solutions structurelles. Où sont passés les milliards consacrés à la création d’infrastructures pour mettre fin à ce phénomène ? Y’ a-t-il eu des détournements de deniers publics ? Qui sont les acteurs concernés ? Voilà tant de questions auxquelles l’Ige est appelée à apporter des réponses. Lors d’une conférence de presse en septembre 2020, l’opposant Ousmane Sonko avait déclaré que «seuls 48 milliards ont été exécutés sur 767», soit 6% ! Le leader de Pastef avait aussi réclamé à l’époque l’audit du Pdgi.

Coût du Pdgi : près de 767 milliards de francs Cfa
Face à la polémique, l’Assemblée nationale avait actionné une Mission d’information sur la gestion des inondations. Dans leur rapport remis au président de la République, en novembre 2020, Moustapha Niasse et Cie avaient conclu que le Pdgi est «présentement exécuté à hauteur de 511 milliards 231 millions 298 mille 456 francs Cfa, soit 66,65 %». Ministre des Collectivités territoriales, Oumar Guèye avait renchéri que la mise en œuvre de ce programme était une «réussite». Moins d’un an plus tard, les inondations demeurent aussi lancinantes que jamais. Les acteurs concernés par cette gestion se nomment Pape Diouf qui a cédé sa place au ministère de l’Hydraulique et de l’assainissement à Mansour Faye, au lendemain des Locales de 2014. De 2014 à 2019, le maire de Saint-Louis a occupé une place centrale dans l’exécution du Pdgi. Il a été remplacé par Serigne Mbaye Thiam depuis avril 2019. Lansana Gagny Sakho, débarqué en janvier dernier de la tête de l’Office national de l’assainissement (Onas), fut également un acteur majeur, ainsi que l’Agence de développement municipal (Adm) dirigée par Cheikh Issa Sall, qui gère le Projet de gestion des eaux pluviales et d’adaptation au changement climatique (Progep).
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