Bougane Guèye Dany a fait comprendre aux enquêteurs, lors de son audition, qu’il dérange le Premier ministre c’est pourquoi il subit des tracas. Le Quotidien a parcouru le procès verbal d’audition. 

 

Par Malick GAYE – Arrêté pour refus d’obtempérer et rébellion par la gendarmerie à quelques kilomètres de Bakel, Bougane Guèye Dany est placé sous mandat en attendant son procès prévu le 30 octobre prochain. Hier, il a fait face aux enquêteurs en vue de l’entendre sur ce qui s’est passé. Le Quotidien a lu le procès verbal d’audition. Ainsi Bougane Guèye a clairement fait comprendre aux gendarmes que son arrestation revêt un caractère politique. En effet, à la question de savoir si le convoi a vu des panneaux inscrits «HALTE GENDARMERIE» sur le premier poste de contrôle de la gendarmerie à Bondji, Bougane Guèye répond de manière détaillée.

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«L’ action humanitaire envers près de 60 mille sinistrés dans le département de Bakel (Chiffre du Gouverneur de la région de Tambacounda) est une réponse à la manifestation politique organisée par les autorités étatiques (…) Trois éléments de la gendarmerie étaient en faction, l’un filmait notre cortège avec son téléphone portable, les deux autres s’arrêtaient de véhicule en véhicule pour serrer la main aux chauffeurs dont moi-même et furtivement inspecter à l’intérieur pour prendre connaissance des passagers et demander de partir. Il est important de préciser que sur la Route nationale le samedi 19 octobre 2024, d’Ourossogui à Bakel, aucun dispositif particulier de sécurité ou de jalonnement n’a été constaté», a répondu Bougane Guèye Dany.

Avant de préciser ceci : «C’est à Bondji, à 14 kilomètres de Bakel, qu’un gendarme, au milieu de la route, sans aucun dispositif particulier, m’a demandé de m’arreter sur la droite, ce qui fut fait (…) L’agent en question, comme vous pouvez le constater dans la vidéo, m’a informé je cite «mes supérieurs m’ont demandé d’immobiliser votre cortège parce que le président de la République est à Bakel». J’ai été choqué quand il m’a répété une deuxième fois l’ordre reçu de ses supérieurs qui violent les droits de tout citoyen. Comment vos supérieurs peuvent-ils vous demander d’arrêter mon convoi à 14 kilomètres de Bakel pour la simple raison que le Président y est. C’est ainsi que j’ai repris le chemin pour Bakel. Avant que ma garde à vue ne me soit verbalement signifiée, j’ai pu lire un communiqué de la gendarmerie diffamatoire à mon encontre et d’une extrême gravité allant jusqu’à déclarer que «Monsieur Bougane Guèye a forcé un barrage de la gendarmerie à Bondji», alors que la vidéo versée dans cette audition prouve tout à fait le contraire, point de barrage à Bondji, le gendarme en question m’avait demandé de serrer à droite, après notre échange (voir vidéos), j’ai repris mon chemin sur Bakel. Revenant toujours sur le communiqué de la gendarmerie qui déclare je cite «on a demandé à Monsieur Bougane Guèye Dany de garer ses véhicules momentanément en attendant le passage du cortège présidentiel». Grande était ma surprise sachant que le Président s’est rendu à Bakel par les airs. Comment notre cortège sur la Route nationale Ourossogui-Bakel pouvait-il être un obstacle ou une entrave au déplacement de son excellence sur Bakel par hélicoptère. Il est dès lors très plausible de conclure que ce communiqué de la gendarmerie cherchait à ternir mon image et ma réputation sachant que je n’ai jamais forcé de barrage, les vidéos le prouvent à suffisance, puisque notre déplacement était filmé par au moins 18 organes de presse. Il est également clair que je me réserve le droit d’ester en justice contre ces allégations mensongères.»

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Par la suite, les gendarmes ont voulu savoir où Bougane voulait exactement se rendre à Bakel. Ce à quoi le leader de «Gueum sa bopp» n’a pas répondu car l’ayant déjà détaillé dans son introduction. C’est presque le même cas pour les points focaux de Bougane dans la zone. Le leader de «Gueum sa bopp» n’a pas vu «l’intérêt d’une telle question». A la question de savoir si Bougane était au courant de la présence du président de la République, il répond ceci : «Le premier programme à ma connaissance, le Président ne devait pas venir à Bakel, il devait s’arrêter dans la région de Kédougou. Et rien sur la Route nationale que nous avons empruntée, m’informait et me montrait de dispositif sécuritaire particulier pouvant faire croire que le Président était dans la zone.»
«Après Bondji, notre convoi a été stoppé sur le pont du village de Tourimé par un impressionnant détachement de la Gendarmerie armé de fusils de guerre et des pick-ups stationnés au travers de la route qui nous a obligés de nous arrêter au milieu de la chaussée. Je suis descendu de mon véhicule avec les autres leaders, Thierno Bocoum et Anta Babacar Ngom, pour nous enquérir de la situation. Sur l’une des vidéos que je viens de vous remettre, vous y trouverez l’intégralité de nos échanges avec le chef du détachement de la gendarmerie.

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A la question de savoir qu’est-ce-qui explique cette intervention musclée et disproportionnée face à un Sénégalais dans un élan humanitaire. Le chef du détachement déclare je cite dans la vidéo «nous avons reçu l’ordre de stopper votre cortège parce que le président de la République est à Bakel», fin de citation. Stupéfaits, les leaders de la coalition «Sam Sa Kaddu» dont moi-même ont improvisé devant les gendarmes un point de presse. C’est après ce face-à-face que nous leaders, avions décidé d’abandonner les véhicules et de marcher à pied pour rallier Bakel, puisque ce sont les voitures qui posaient problème. Contrairement au communiqué de la gendarmerie qui affirme que ce détachement a stoppé le cortège pour m’arrêter. Autre allégation, notre initiative de marcher pour rallier Bakel a été stoppée net par les gendarmes qui visiblement ne voulaient pas nous laisser entrer dans la ville de Bakel. Après plusieurs minutes d’échanges, j’ai moi-même dit au Capitaine (voir video) si vous ne voulez pas me laisser marcher, alors vous n’avez qu’à m’arrêter. Et il répondit Monsieur Guèye puisque c’est ça que vous voulez, je vous arrête. Nos discussions sont également contenues dans les vidéos. C’est ainsi qu’un jeune gendarme m’a tiré violemment par la main gauche avant que ma sécurité ne s’interpose. J’ai passé trois sales minutes comme «Punching ball» entre les mains des gendarmes (voir vidéo) Vous, enquêteur, regardez ma chemise déchirée, elle traduit la brutalité dont j’ai eté victime», a déclaré Bougane Guèye Dany.
mgaye@lequotidien.sn