Les heures passaient et les citoyens attendaient les quatre candidats de l’opposition qui avaient donné leur accord de participation. Mais finalement, Y’en a marren’a vu hier que Ousmane Sonko et Madické Niang à la Maison de la culture Douta Seck. Venus des quatre coins du territoire national, ces Sénégalais de tous bords, de tous les âges, hommes comme femmes ont sué avant de voir le premier candidat. Sonko arrive à 14h, puis Madické Niang à 16h. Leurs préoccupations étaient sectorielles. Les agriculteurs voulaient des engagements pour le développement de leur secteur, les éleveurs réclamaient plus de sécurité pour le bétail, les artisans plaidaient le consommer local, les menuisiers exigeaient des parts de marchés dans la commande publique et une réduction des importations. Alors que les architectes ont revendiqué le recours à l’expertise nationale, les agents de sécurité ont condamné leur exploitation par les sociétés intérimaires et la concurrence déloyale des sociétés étrangères favorisées. Le «recul» de la justice tout court et de celle sociale, l’insouciance de certains candidats qui affichent et revendiquent leur appartenance religieuse, confrérique ou ethnique…

«J’ai très peur pour le Sénégal. Cela pourrait être source de guerre civile, cette situation a été à l’origine de la guerre de la Côte d’Ivoire avec cette fameuse histoire d’ivoirité», témoigne Ya Fatou Badji. Mais le cri du cœur qui a le plus ému l’assistance aura été celui d’une jeune fille handicapée physique. Dans son fauteuil roulant face au candidat Madické Niang, Binta a dit combien elle en a marre des Forces de l’ordre qui traquent les handicapés avec la complicité des autorités. «Si on vous élit, qu’allez-vous faire pour nous ? Allez-vous nous trouver des alternatives à la mendicité. A défaut, de grâce, demandez aux Forces de l’ordre de nous laisser en paix.

Personne ne veut tendre la main, mais nous, nous sommes réduits à cela par la volonté divine», a-t-elle plaidé, la voix amère. Les deux candidats ont donné des réponses sur la base de leurs programmes et se sont engagés à résoudre tous les problèmes une fois élu président de la République.