Thierno Alassane Sall a déféré hier à la convocation de la Division des investigations criminelles (Dic). Selon une source, l’ancien ministre de l’Energie a déclaré qu’il n’avait rien à dire aux enquêteurs. La presse qui l’attendait à la Brigade des affaires générales (Bag), sise au Palais de justice de Dakar, a été surprise d’apprendre qu’il a été accueilli dans les locaux même de la Dic, sur la rue Carde. «Je refuse de m’associer à une démarche qui ressemble plus à un enterrement de première classe du dossier. C’est pour cela que, ayant en républicain déféré à la convocation des enquêteurs, j’ai signifié à la Dic mon objection de la procédure et mon refus de m’y associer», a-t-il posté sur sa page Facebook après sa sortie des lieux. Toutefois, il a assuré sur son portail que «si une procédure crédible, trans­parente et orientée vers la recherche de la vérité devait être engagée», il y participera «avec bonheur et totale disponibilité». En clair, Thierno Alassane Sall se dit prêt à témoigner devant une commission d’enquête parlementaire, avec des auditions publiques et diffusées par la presse.

«Cette procédure ne vise pas à faire la lumière sur l’affaire»
De l’avis de cet ancien ministre de la République, l’information judiciaire ouverte sur l’affaire des contrats sur les ressources naturelles a été «imposée» aux autorités à la suite des révélations de la chaîne britannique de radiodiffusion, la Bbc. Cependant pour lui, cette procédure «ne vise pas à faire la lumière sur l’affaire, rétablir le Peuple souverain dans ses droits et punir les coupables, mais bien au contraire à conclure qu’il n’y a rien à redire sur les contrats qui seraient réguliers». Il a rappelé ainsi la sortie de la présidente de l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption (Ofnac), Seynabou Ndiaye Diakhaté, qui avait demandé au procureur de la République, Serigne Bassirou Guéye, d’éplucher les rapports de l’Ofnac sur la question. Il dit : «Pour avoir délibérément ignoré des rapports de l’Ofnac, quels autres documents pourraient trouver un intérêt auprès des enquêteurs ? Ce dossier est lourd d’innombrables pièces, consistant au rapport de l’Inspection générale d’Etat (Ige), à la confirmation des conclusions dudit rapport quant à la démarche purement spéculative de Timis qui a effectivement abouti à un enrichissement sans cause, à un faisceau massif de faits qui pointe vers un groupuscule d’individus».

«Ce n’est pas un bras de fer entre une poignée d’opposants aigris et un pouvoir»
Toujours dans ses accusations contre les autorités judiciaires, Thierno Alassane Sall a estimé que ces auditions, «pour l’essentiel, à l’exception du courtier de ce groupuscule, la démarche est curieusement orientée vers les personnes qui se battent depuis des années pour faire jaillir la lumière en vue de les discréditer et les mettre en mal avec les citoyens». Toutefois, il s’est réjoui quand même du fait que la justice «semble enfin sortir de son expectative, si tardivement soit-il» après que lui et d’autres Sénégalais depuis deux ans au moins, aient réclamé l’ouverture d’une enquête judiciaire à l’effet de faire la lumière sur les «scandales» liés aux contrats pétroliers, en particulier ceux signés avec Petro-Tim en janvier 2012 et Total en mai 2017.
Pour avoir été ministre de l’énergie, Thierno Alassane Sall fait comprendre également qu’il est sans doute l’une des personnes les mieux informées sur ce dossier. Comme s’il voulait se laver de tout soupçon lié à sa supposée responsabilité dans ces «nébuleux» dossiers, Tas a rappelé qu’il avait refusé d’approuver la transaction entre Timis et Bp d’une part et de signer les contrats avec Total d’autre part. Ce qui a conduit à sa démission selon lui, alors que le gouvernement a toujours affirmé qu’il avait été démis de ses fonctions par le chef de l’Etat. Une version que des témoins de l’histoire ont pu corroborer par ailleurs. L’un dans l’autre, Thierno Alassane Sall déclare que cette affaire n’est pas un bras de fer entre une poignée d’opposants aigris et un pouvoir légitimement reconduit après des élections.
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