Augmentation du nombre de cas, du nombre de cas graves et de morts : 3 mois après son apparition au Sénégal, le Covid-19 dicte sa loi

Le Coronavirus fait partie désormais du quotidien des Sénégalais avec le point de la situation tous les jours par le ministère de la Santé. 3 mois après l’entrée de la pandémie au Sénégal, le nombre de cas positifs ne cesse d’augmenter, idem pour les cas graves et le nombre de morts d’une maladie qui a fait le tour du pays en 90 jours avec Matam, la dernière région contaminée. Aujourd’hui Dakar constitue l’épicentre de la pandémie avec plus de 2000 cas positifs. Une situation qui exige une stratégie spécifique pour remporter la bataille contre cette maladie.
3739 cas positifs, 1858 guéris, 42 décès, 1838 personnes encore sous traitements, 14 cas graves. C’est le bilan de la pandémie du Covid-19 au Sénégal depuis son apparition le 2 mars dernier, il y a donc 3 mois. Avec une évolution lente au début avec moins de dix cas par jour au premier mois, le Coronavirus a fini par s’installer dans le pays, avec Matam, la dernière région contaminée. (Voir par ailleurs). Les mesures restrictives comme la fermeture des frontières ont peut-être permis de limiter les cas importés mais les autres mesures prises n’ont pas stoppé la propagation avec les cas communautaires qui ont fini par remplacer les cas importés dans la courbe de transmission. Pire, avec les cas communautaires, il a été constaté des clusters qui inquiètent. Lors du dernier bilan mensuel, le directeur du Cous (Centre des opérations d’urgence et de secours) avait fait savoir qu’on avait par exemple des patients qui contaminent chacun, au moins une vingtaine de personnes. Avec cette situation il ne faut pas s’étonner de l’augmentation du nombre de cas. Augmentation du nombre de cas qui rime aussi avec hausse des cas graves et forcément des morts.
Hier, le nombre de personnes admises en réanimation était de 14 et celles ayant succombé à la maladie 42. Des chiffres qui inquiètent avec l’assouplissement des mesures. D’ailleurs, le paradoxe dans notre pays, c’est qu’au moment où on décidait de la fermeture des frontières, des écoles, des lieux de culte et des restrictions dans les marchés, il n’y avait que 20 cas et zéro décès. Etonnant alors que le 11 mai dernier, jour où le Sénégal enregistrait le plus grand nombre de cas (177 exactement), le chef de l’Etat décide d’assouplir les mesures de restriction adoptées contre le Covid-19, sous prétexte qu’on devrait apprendre à vivre avec le virus. Ainsi, les écoles vont rouvrir pour les classes d’examen avec une réorganisation et un respect strict des gestes barrières aujourd’hui. Ce, malgré les inquiétudes des syndicats d’enseignants, des parents d’élèves et surtout la façon chaotique dont s’est déroulé le convoyage des enseignants dans leurs lieux de service. Autre inquiétude formulée, c’est la difficulté de respecter les mesures barrières avec des écoles dépourvues de points d’eau. A cela s’ajoute, le fait que pour certaines écoles la dotation des produits hygiéniques comme les savons, les gels hydro-alcooliques, de masques est jugée insuffisante.
Dakar compte, à elle seule, 2525 cas positifs
Avec l’évolution de la maladie depuis son apparition, il a été constaté que Dakar en est l’épicentre. En effet, d’après le ministre de la Santé et de l’action sociale, les ¾ des cas confirmés sont issus de la région de Dakar qui totalise 2525 cas sur les 3429 dépistés dans le pays à la date du 30 mai, soit 73,6% du taux global avec une transmission locale clairement établie. Une situation qui, d’après Abdoulaye Diouf Sarr, exige une stratégie spécifique. «Dès lors, l’endiguement de la pandémie doit mobiliser toutes nos énergies. Cela passe par le renforcement de nos stratégies à l’échelle locale et particulièrement dans la région de Dakar. Ce renforcement stratégique devient un impératif urgent», avait-il dit samedi lors de son point de presse. Il avait annoncé aussi avoir «demandé au Comité national de gestion des épidémies, en rapport avec le comité régional de gestion des épidémies de Dakar, de se réunir, toutes affaires cessantes, pour nous proposer une stratégie spécifique de renforcement de la lutte contre le Covid-19 à Dakar». D’après Abdoulaye Diouf Sarr, «pour vaincre la maladie au Sénégal, nous devons nous mobiliser au sein de nos communautés». Le ministre a ainsi lancé un appel «particulier et insistant à toutes les dynamiques communautaires de la région de Dakar pour se lever comme un seul homme afin de stopper le Covid-19». Parce qu’insiste-t-il, «si on perd la main à Dakar, la lutte risque d’être perdue au niveau du pays». Dans ce cadre, il est attendu aujourd’hui des comités de gestion des épidémies, une proposition sur «la démarche à accentuer pour notre lutte dans la région de Dakar».
D’après la Rfm, dans cette stratégie, le port du masque sera rendu obligatoire dans la région de Dakar. Cette sortie du ministre coïncide avec le moment où il est demandé de toutes parts la reprise du transport interurbain et la levée du couvre-feu. Va-t-on autoriser le transport dans les autres régions et mettre fin au couvre-feu, sauf à Dakar ? La réponse est attendue avec la stratégie qui sera proposée par le comité de gestion des épidémies.